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Avant-propos à l'édition 2010
L’idée d’une version de la Bible qui soit commune aux confessions chrétiennes francophones est ancienne : elle remonte à Richard Simon au xxe siècle. Mais elle n’a pris vraiment corps et atteint le grand public que dans les années soixante du xxe siècle.
Le test de l’épître aux Romains
Pour vérifier que l’entreprise était viable, on essaya de traduire en commun l’épître aux Romains, selon le principe « qui peut le plus peut le moins ». On sait que l’interprétation de cette épître a donné lieu, dans le passé, aux affrontements les plus vifs entre protestants et catholiques.
Le projet initial avait en fait été de procéder à une révision œcuménique de la Bible de Jérusalem. Mais les premiers essais, sur l’épître aux Romains, confiés aux professeurs P. Bonnard (Lausanne) et P. Prigent (Strasbourg), ont rapidement conduit les responsables à constater qu’on était déjà au-delà d’un simple travail de révision, et qu’en réalité on avait commencé une œuvre nouvelle.
Il fut donc décidé de constituer une équipe paritaire de six traducteurs. On était en 1965. L’entreprise se trouvait alors encouragée du côté catholique par la récente promulgation de la Constitution dogmatique Dei Verbum du concile Vatican II. Au bout d’un peu plus d’un an de travail commun on put considérer que le pari était gagné : un fascicule comportant introduction, traduction et annotation communes de l’épître vit le jour. La démonstration était faite : puisqu’on pouvait traduire ensemble l’épître aux Romains, on pouvait se lancer dans la traduction de toute la Bible ! En outre un constat aussi intéressant qu’inattendu était apparu : les clivages ou désaccords de traduction ne se faisaient pas entre confessions mais entre traducteurs, qu’ils soient catholiques ou protestants. Un débat fraternel – un tel travail en commun ne se fait pas sans créer des liens solides – permit de résoudre les difficultés à la satisfaction de tous.
Une traduction de toute la Bible enfin possible
On se mit donc au travail pour l’ensemble de la Bible. A cet effet on constitua des équipes, toutes paritaires, de spécialistes. Pour cette tâche considérable on réussit à mobiliser presque 120 traducteurs, l’indispensable coordination étant assurée, tant pour le Nouveau Testament que pour l’Ancien, par deux équipes, elles aussi paritaires. Les noms du père François Refoulé et du pasteur Georges Casalis, infatigables chevilles ouvrières de l’entreprise, doivent être ici cités, même si le principe du travail collectif et de l’anonymat des traducteurs a toujours été respecté (on trouvera en regard de la page de titre la liste de tous ceux qui ont participé d’une manière ou d’une autre). Le Nouveau Testament put paraître en 1972, et l’Ancien en 1975.
A côté de cette édition dite « avec notes intégrales » (et références marginales) voyait aussi le jour une édition de volume plus réduit, dite « avec notes essentielles », ces dernières portant exclusivement sur les problèmes de texte ou de traduction, ainsi que sur le cadre historico-culturel à connaître pour pouvoir situer le texte lu. Il va de soi que les textes de ces deux éditions parallèles étaient strictement identiques et qu’ils devaient le rester au fur et à mesure des révisions.
Une première mise à jour (1988)
Après un usage d’une quinzaine d’années il devint évident qu’un toilettage de l’ensemble était nécessaire. Plusieurs raisons justifiaient cette mise à jour – qui s’impose d’ailleurs périodiquement à toute édition de la Bible.
En premier lieu, les éditeurs avaient reçu de lecteurs exigeants des remarques ou des suggestions concernant la traduction ou son annotation. Justifiées ou non, ces remarques devaient toutes être examinées.
En second lieu, le grand nombre de traducteurs était la cause d’une certaine diversité dans la traduction de certains mots ou de certains passages parallèles. Certes les évangiles synoptiques avaient été traduits de manière synoptique – c’est-à-dire que des libellés grecs identiques avaient été rendus en français de manière identique –, mais cela n’avait pas été le cas par exemple pour les passages parallèles des livres des Chroniques et des Rois. Une harmonisation s’avérait nécessaire.
En troisième lieu, la Bible représente une telle masse de textes à traiter que, malgré le soin rigoureux apporté à leur travail par les équipes engagées, un certain nombre de mises au point restaient indispensables.
Le fait mérite d’être souligné : à de rares exceptions près il a été possible de réunir à nouveau les mêmes équipes responsables pour la grande vérification qui donna le jour à une deuxième édition de la TOB, parue en 1988.
Le problème du Pentateuque en 2004
Une quinzaine d’années plus tard des spécialistes de l’Ancien Testament ont alerté le comité de l’AORB1 sur le fait que la conception qui prévalait quelques décennies plus tôt concernant la composition du Pentateuque avait vieilli et se trouvait de plus en plus contestée : il n’était plus possible de regarder, comme c’était encore le cas aux débuts de la TOB, l’ensemble des cinq premiers livres de la Bible comme une sorte d’œuvre composite empruntant à quatre documents antérieurs, qu’on appelait respectivement « yahviste », « élohiste », « deutéronomiste » et « sacerdotal ». L’AORB décidait alors de confier l’indispensable mise à jour à une équipe – toujours œcuménique – de cinq spécialistes du Pentateuque, chargée de reprendre les introductions et l’annotation du Pentateuque, en tenant compte des avancées de la science. La traduction, elle, ne subit que d’infimes ajustements. L’équipe des rédacteurs sollicités profita de l’occasion pour actualiser aussi les introductions générales à la Bible et à l’Ancien Testament, et pour réviser le tableau chronologique et en écarter les datations par trop aventureuses, comme par exemple celles des patriarches.
En 2003 ce travail a été publié en un fascicule séparé, donnant le Pentateuque sous sa nouvelle présentation avant que celui-ci ne soit intégré dans l’édition datée de 2004. L’édition dite « avec notes essentielles » était parallèlement mise à jour.
La nouvelle édition de 2010
Après cette révision du Pentateuque, une nouvelle édition de la TOB devenait nécessaire pour au moins deux raisons.
En premier lieu, une participation plus active de la partie orthodoxe se devait d’apparaître ici ou là dans l’annotation de certains passages et surtout dans l’adjonction des livres deutérocanoniques en usage dans la liturgie des Eglises orthodoxes : 3 et 4 Esdras,3 et 4 Maccabées, Prière de Manassé, Psaume 151.
En deuxième lieu, après la révision de 2004, qui portait sur le seul Pentateuque, il convenait de mettre à jour le reste de la traduction, d’autant que la science biblique a continué de progresser : elle permet aujourd’hui une approche plus précise de la datation de certains livres et un éclairage historico-culturel parfois plus précis du texte biblique grâce aux nouveaux progrès de l’archéologie.
Enfin, dans le prolongement des travaux d’un Paul Ricœur sur le phénomène de la lecture, par exemple, on est mieux à même de comprendre aujourd’hui comment un livre aussi complexe que celui d’Esaïe présente une unité jusqu’alors plus ou moins méconnue. Sur la base de ces constats les introductions, d’une part, et l’annotation, d’autre part, ont été l’objet d’un certain nombre de retouches.
Quant à la traduction elle-même, elle a été revue dans une double perspective.
En premier lieu, pour faire droit aux remarques de certains lecteurs, on a, quand cela se justifiait, procédé à des retouches ponctuelles.
Citons, à titre d’exemple, le cas de Gn 4.21, où on a remplacé cithare (désignation anachronique) par lyre ; ou de Gn 1.1, où l’on est revenu, sur le fond, à la traduction de 1975, tout en faisant apparaître l’aspect de titre ou de sommaire du premier verset de la Bible. Dans certains cas, on a préféré au décalque, fidèle à la forme du texte original, une traduction plus fidèle au sens. Ainsi en Mc 10.23, au lieu de « Qu’il sera difficile… ! », on lira « Qu’il est difficile… ! », car le futur a ici une valeur de sentence plus que de temps. N’entrons pas dans les détails des améliorations du français ou de l’orthographe – en particulier pour certains noms propres –, ni de la correction de coquilles ayant survécu aux relectures des éditions précédentes, ni de la rectification éventuelle de la ponctuation ou de la remise en place d’un numéro mal placé de verset, de référence marginale, voire d’un changement de sous-titre.
Outre ces retouches ponctuelles on a procédé à un certain nombre de retouches systématiques.
Les premières ont porté sur les noms divins. La quasi-totalité d’entre eux comportait en effet les qualificatifs « puissant » ou « tout-puissant ». Or ces qualificatifs sont en réalité étrangers aux noms divins respectifs pour lesquels il faut trouver un équivalent français. Ainsi la séquence très fréquente Adonaï (Elohim) Sabaoth, littéralement le Seigneur (Dieu) des armées, qui était rendue par « le Seigneur (Dieu), le tout-puissant » a été revue en le Seigneur (Dieu) de l’univers, qui rend mieux l’étendue des compétences du Dieu de la Bible.
Dans la même perspective l’appellation Shaddaï, qui était rendue par « le Dieu Puissant », a été tout simplement transcrite. Les meilleures études récentes, en effet, reconnaissent ignorer complètement sa signification. A la première occurrence (Gn 17.1) une note apporte sur ce point les précisions utiles.
Le titre pantokratôr, qui apparaît non seulement dans les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau Testament, est uniformément rendu par le Souverain.
Certaines expressions idiomatiques ont été conservées dans leur forme décalquée, mais leur signification est élucidée dans une note, ou bien elles ont été rendues par un équivalent français adéquat. C’est ainsi que le décalque « parler au cœur » a été rectifié en « parler contre le cœur », avec note explicative, voire carrément traduit comme en Gn 34.3 : « Il se prit d’amour pour la jeune fille et regagna sa confiance. »
La « guerre sainte » est devenue guerre de Dieu pour des raisons que chacun comprendra. « Conclure une alliance en faveur de » est devenu conclure une alliance avec, les « pasteurs » sont devenus des bergers, etc.
Le qualificatif « jaloux », quand il est accolé au nom divin, ayant toutes chances d’être compris au sens de « envieux », a été systématiquement remplacé. On lit maintenant : un Dieu exigeant. Quant à la « jalousie » de Dieu, elle a fait place à son zèle dans les cas où Dieu prend le parti de son peuple, et à son ardeur quand il s’en prend à lui.
Le verbe « prophétiser », quand il décrit l’activité du prophète, porte-parole de Dieu, ouvrait la porte à un contresens, dans la mesure où il était compris au sens usuel de « prédire ». Il a donc été avantageusement remplacé par parler en/comme prophète.
En ce qui concerne le Nouveau Testament, à la suggestion de l’Amitié judéo-chrétienne de France, la traduction systématique du grec Ioudaioi par « Juifs » dans l’évangile johannique a été entièrement revue. En français, en effet, le terme « juif » n’a que deux acceptions : (1) adepte de la religion juive, (2) descendant de Jacob. Or le grec de l’évangile johannique a, quant à lui, un éventail de quatre acceptions disponibles : outre celles du français, il peut désigner aussi, selon les cas, soit les Judéens (3), soit les autorités du judaïsme (4), en l’occurrence les membres du sacerdoce jérusalémite. Les acceptions (3) et (4) ne pouvaient donc pas être rendues comme les acceptions (1) et (2). Une équipe œcuménique a cherché à identifier l’acception convenable pour les soixante-huit cas où le terme « juif » se trouve dans l’évangile de Jean, proposant chaque fois l’équivalent français que le contexte rendait satisfaisant.
Editeurs et réviseurs espèrent avoir ainsi rendu plus aisée et donc plus profitable la lecture de la Bible.
Notes
1 ♦ Association œcuménique pour la recherche biblique, qui gère éditions et révisions de la Traduction œcuménique de la Bible (TOB).
ebook (ePub) 10.99 €La Bible : ancien testament intégrant les livres deutérocanoniques et nouveau testament
Collectif
- BIBLI'O
- 1 Janvier 2011
- 9782853002295
La Bible Parole de Vie utilise des mots simples, ceux du langage de tous les jours. Cette version est tout indiquée pour découvrir la saveur et l'actualité de la Bible. Parole de Vie est une traduction respectueuse du texte original, réalisée par des spécialistes et reconnue par toutes les Eglises.
Edition avec les livres deutérocanoniques
Avec notes, introduction à chaque livre et vocabulaire
ebook (ePub) 7.99 €
La traduction de Louis Segond est très prisée chez tous les protestants de langue française depuis 1910. La révision de 1978 a modernisé le vocabulaire et rendu le style plus fluide.
Edition sans notes, avec glossaire
ebook (ePub) 7.99 €
Avant-propos à l'édition 2010
L’idée d’une version de la Bible qui soit commune aux confessions chrétiennes francophones est ancienne : elle remonte à Richard Simon au xxe siècle. Mais elle n’a pris vraiment corps et atteint le grand public que dans les années soixante du xxe siècle.
Le test de l’épître aux Romains
Pour vérifier que l’entreprise était viable, on essaya de traduire en commun l’épître aux Romains, selon le principe « qui peut le plus peut le moins ». On sait que l’interprétation de cette épître a donné lieu, dans le passé, aux affrontements les plus vifs entre protestants et catholiques.
Le projet initial avait en fait été de procéder à une révision œcuménique de la Bible de Jérusalem. Mais les premiers essais, sur l’épître aux Romains, confiés aux professeurs P. Bonnard (Lausanne) et P. Prigent (Strasbourg), ont rapidement conduit les responsables à constater qu’on était déjà au-delà d’un simple travail de révision, et qu’en réalité on avait commencé une œuvre nouvelle.
Il fut donc décidé de constituer une équipe paritaire de six traducteurs. On était en 1965. L’entreprise se trouvait alors encouragée du côté catholique par la récente promulgation de la Constitution dogmatique Dei Verbum du concile Vatican II. Au bout d’un peu plus d’un an de travail commun on put considérer que le pari était gagné : un fascicule comportant introduction, traduction et annotation communes de l’épître vit le jour. La démonstration était faite : puisqu’on pouvait traduire ensemble l’épître aux Romains, on pouvait se lancer dans la traduction de toute la Bible ! En outre un constat aussi intéressant qu’inattendu était apparu : les clivages ou désaccords de traduction ne se faisaient pas entre confessions mais entre traducteurs, qu’ils soient catholiques ou protestants. Un débat fraternel – un tel travail en commun ne se fait pas sans créer des liens solides – permit de résoudre les difficultés à la satisfaction de tous.
Une traduction de toute la Bible enfin possible
On se mit donc au travail pour l’ensemble de la Bible. A cet effet on constitua des équipes, toutes paritaires, de spécialistes. Pour cette tâche considérable on réussit à mobiliser presque 120 traducteurs, l’indispensable coordination étant assurée, tant pour le Nouveau Testament que pour l’Ancien, par deux équipes, elles aussi paritaires. Les noms du père François Refoulé et du pasteur Georges Casalis, infatigables chevilles ouvrières de l’entreprise, doivent être ici cités, même si le principe du travail collectif et de l’anonymat des traducteurs a toujours été respecté (on trouvera en regard de la page de titre la liste de tous ceux qui ont participé d’une manière ou d’une autre). Le Nouveau Testament put paraître en 1972, et l’Ancien en 1975.
A côté de cette édition dite « avec notes intégrales » (et références marginales) voyait aussi le jour une édition de volume plus réduit, dite « avec notes essentielles », ces dernières portant exclusivement sur les problèmes de texte ou de traduction, ainsi que sur le cadre historico-culturel à connaître pour pouvoir situer le texte lu. Il va de soi que les textes de ces deux éditions parallèles étaient strictement identiques et qu’ils devaient le rester au fur et à mesure des révisions.
Une première mise à jour (1988)
Après un usage d’une quinzaine d’années il devint évident qu’un toilettage de l’ensemble était nécessaire. Plusieurs raisons justifiaient cette mise à jour – qui s’impose d’ailleurs périodiquement à toute édition de la Bible. En premier lieu, les éditeurs avaient reçu de lecteurs exigeants des remarques ou des suggestions concernant la traduction ou son annotation. Justifiées ou non, ces remarques devaient toutes être examinées.
En second lieu, le grand nombre de traducteurs était la cause d’une certaine diversité dans la traduction de certains mots ou de certains passages parallèles. Certes les évangiles synoptiques avaient été traduits de manière synoptique – c’est-à-dire que des libellés grecs identiques avaient été rendus en français de manière identique –, mais cela n’avait pas été le cas par exemple pour les passages parallèles des livres des Chroniques et des Rois. Une harmonisation s’avérait nécessaire.
En troisième lieu, la Bible représente une telle masse de textes à traiter que, malgré le soin rigoureux apporté à leur travail par les équipes engagées, un certain nombre de mises au point restaient indispensables.
Le fait mérite d’être souligné : à de rares exceptions près il a été possible de réunir à nouveau les mêmes équipes responsables pour la grande vérification qui donna le jour à une deuxième édition de la TOB, parue en 1988.
Le problème du Pentateuque en 2004
Une quinzaine d’années plus tard des spécialistes de l’Ancien Testament ont alerté le comité de l’AORB1 sur le fait que la conception qui prévalait quelques décennies plus tôt concernant la composition du Pentateuque avait vieilli et se trouvait de plus en plus contestée : il n’était plus possible de regarder, comme c’était encore le cas aux débuts de la TOB, l’ensemble des cinq premiers livres de la Bible comme une sorte d’œuvre composite empruntant à quatre documents antérieurs, qu’on appelait respectivement « yahviste », « élohiste », « deutéronomiste » et « sacerdotal ». L’AORB décidait alors de confier l’indispensable mise à jour à une équipe – toujours œcuménique – de cinq spécialistes du Pentateuque, chargée de reprendre les introductions et l’annotation du Pentateuque, en tenant compte des avancées de la science. La traduction, elle, ne subit que d’infimes ajustements. L’équipe des rédacteurs sollicités profita de l’occasion pour actualiser aussi les introductions générales à la Bible et à l’Ancien Testament, et pour réviser le tableau chronologique et en écarter les datations par trop aventureuses, comme par exemple celles des patriarches.
En 2003 ce travail a été publié en un fascicule séparé, donnant le Pentateuque sous sa nouvelle présentation avant que celui-ci ne soit intégré dans l’édition datée de 2004. L’édition dite « avec notes essentielles » était parallèlement mise à jour.
La nouvelle édition de 2010
Après cette révision du Pentateuque, une nouvelle édition de la TOB devenait nécessaire pour au moins deux raisons.
En premier lieu, une participation plus active de la partie orthodoxe se devait d’apparaître ici ou là dans l’annotation de certains passages et surtout dans l’adjonction des livres deutérocanoniques en usage dans la liturgie des Eglises orthodoxes : 3 et 4 Esdras,3 et 4 Maccabées, Prière de Manassé, Psaume 151.
En deuxième lieu, après la révision de 2004, qui portait sur le seul Pentateuque, il convenait de mettre à jour le reste de la traduction, d’autant que la science biblique a continué de progresser : elle permet aujourd’hui une approche plus précise de la datation de certains livres et un éclairage historico-culturel parfois plus précis du texte biblique grâce aux nouveaux progrès de l’archéologie.
Enfin, dans le prolongement des travaux d’un Paul Ricœur sur le phénomène de la lecture, par exemple, on est mieux à même de comprendre aujourd’hui comment un livre aussi complexe que celui d’Esaïe présente une unité jusqu’alors plus ou moins méconnue. Sur la base de ces constats les introductions, d’une part, et l’annotation, d’autre part, ont été l’objet d’un certain nombre de retouches.
Quant à la traduction elle-même, elle a été revue dans une double perspective.
En premier lieu, pour faire droit aux remarques de certains lecteurs, on a, quand cela se justifiait, procédé à des retouches ponctuelles.
Citons, à titre d’exemple, le cas de Gn 4.21, où on a remplacé cithare (désignation anachronique) par lyre ; ou de Gn 1.1, où l’on est revenu, sur le fond, à la traduction de 1975, tout en faisant apparaître l’aspect de titre ou de sommaire du premier verset de la Bible. Dans certains cas, on a préféré au décalque, fidèle à la forme du texte original, une traduction plus fidèle au sens. Ainsi en Mc 10.23, au lieu de « Qu’il sera difficile… ! », on lira « Qu’il est difficile… ! », car le futur a ici une valeur de sentence plus que de temps. N’entrons pas dans les détails des améliorations du français ou de l’orthographe – en particulier pour certains noms propres –, ni de la correction de coquilles ayant survécu aux relectures des éditions précédentes, ni de la rectification éventuelle de la ponctuation ou de la remise en place d’un numéro mal placé de verset, de référence marginale, voire d’un changement de sous-titre.
Outre ces retouches ponctuelles on a procédé à un certain nombre de retouches systématiques.
Les premières ont porté sur les noms divins. La quasi-totalité d’entre eux comportait en effet les qualificatifs « puissant » ou « tout-puissant ». Or ces qualificatifs sont en réalité étrangers aux noms divins respectifs pour lesquels il faut trouver un équivalent français. Ainsi la séquence très fréquente Adonaï (Elohim) Sabaoth, littéralement le Seigneur (Dieu) des armées, qui était rendue par « le Seigneur (Dieu), le tout-puissant » a été revue en le Seigneur (Dieu) de l’univers, qui rend mieux l’étendue des compétences du Dieu de la Bible.
Dans la même perspective l’appellation Shaddaï, qui était rendue par « le Dieu Puissant », a été tout simplement transcrite. Les meilleures études récentes, en effet, reconnaissent ignorer complètement sa signification. A la première occurrence (Gn 17.1) une note apporte sur ce point les précisions utiles.
Le titre pantokratôr, qui apparaît non seulement dans les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau Testament, est uniformément rendu par le Souverain.
Certaines expressions idiomatiques ont été conservées dans leur forme décalquée, mais leur signification est élucidée dans une note, ou bien elles ont été rendues par un équivalent français adéquat. C’est ainsi que le décalque « parler au cœur » a été rectifié en « parler contre le cœur », avec note explicative, voire carrément traduit comme en Gn 34.3 : « Il se prit d’amour pour la jeune fille et regagna sa confiance. »
La « guerre sainte » est devenue guerre de Dieu pour des raisons que chacun comprendra. « Conclure une alliance en faveur de » est devenu conclure une alliance avec, les « pasteurs » sont devenus des bergers, etc.
Le qualificatif « jaloux », quand il est accolé au nom divin, ayant toutes chances d’être compris au sens de « envieux », a été systématiquement remplacé. On lit maintenant : un Dieu exigeant. Quant à la « jalousie » de Dieu, elle a fait place à son zèle dans les cas où Dieu prend le parti de son peuple, et à son ardeur quand il s’en prend à lui.
Le verbe « prophétiser », quand il décrit l’activité du prophète, porte-parole de Dieu, ouvrait la porte à un contresens, dans la mesure où il était compris au sens usuel de « prédire ». Il a donc été avantageusement remplacé par parler en/comme prophète.
En ce qui concerne le Nouveau Testament, à la suggestion de l’Amitié judéo-chrétienne de France, la traduction systématique du grec Ioudaioi par « Juifs » dans l’évangile johannique a été entièrement revue. En français, en effet, le terme « juif » n’a que deux acceptions : (1) adepte de la religion juive, (2) descendant de Jacob. Or le grec de l’évangile johannique a, quant à lui, un éventail de quatre acceptions disponibles : outre celles du français, il peut désigner aussi, selon les cas, soit les Judéens (3), soit les autorités du judaïsme (4), en l’occurrence les membres du sacerdoce jérusalémite. Les acceptions (3) et (4) ne pouvaient donc pas être rendues comme les acceptions (1) et (2). Une équipe œcuménique a cherché à identifier l’acception convenable pour les soixante-huit cas où le terme « juif » se trouve dans l’évangile de Jean, proposant chaque fois l’équivalent français que le contexte rendait satisfaisant.
Editeurs et réviseurs espèrent avoir ainsi rendu plus aisée et donc plus profitable la lecture de la Bible.
Notes
1 ♦ Association œcuménique pour la recherche biblique, qui gère éditions et révisions de la Traduction œcuménique de la Bible (TOB).
ebook (ePub) 4.99 €
Table des matières
GENÈSE
EXODE
LÉVITIQUE
NOMBRES
DEUTÉRONOME
JOSUÉ
JUGES
RUTH
PREMIER LIVRE DE SAMUEL
SECOND LIVRE DE SAMUEL
PREMIER LIVRE DES ROIS
SECOND LIVRE DES ROIS
PREMIER LIVRE DES CHRONIQUES
SECOND LIVRE DES CHRONIQUES
ESDRAS
NÉHÉMIE
ESTHER
JOB
PSAUMES
PROVERBES
ECCLÉSIASTE OU QOHÉLETH
CANTIQUE DES CANTIQUES
ESAÏE
JÉRÉMIE
LAMENTATIONS
EZÉCHIEL
DANIEL
OSÉE
JOËL
AMOS
ABDIAS
JONAS
MICHÉE
NAHUM
HABACUC
SOPHONIE
AGGÉE
ZACHARIE
MALACHIE
SELON MATTHIEU
SELON MARC
SELON LUC
SELON JEAN
ACTES DES APÔTRES
AUX ROMAINS
PREMIÈRE AUX CORINTHIENS
SECONDE AUX CORINTHIENS
AUX GALATES
AUX EPHÉSIENS
AUX PHILIPPIENS
AUX COLOSSIENS
PREMIÈRE AUX THESSALONICIENS
SECONDE AUX THESSALONICIENS
PREMIÈRE À TIMOTHÉE
SECONDE À TIMOTHÉE
A TITE
A PHILÉMON
AUX HÉBREUX
DE JACQUES
PREMIÈRE DE PIERRE
SECONDE DE PIERRE
PREMIÈRE DE JEAN
DEUXIÈME DE JEAN
TROISIÈME DE JEAN
DE JUDE
APOCALYPSE DE JEAN
ebook (ePub) 8.99 €
La Bible Parole de Vie utilise des mots simples, ceux du langage de tous les jours. Cette version est tout indiquée pour découvrir la saveur et l'actualité de la Bible. Parole de Vie est une traduction respectueuse du texte original, réalisée par des spécialistes et reconnue par toutes les Eglises.
Edition sans les livres deutérocanoniques
Avec notes, introduction à chaque livre et vocabulaire
ebook (ePub) 6.99 €
Extrait
Introduction
Qu’est-ce que la Bible ?
Il n’y a pas de réponse neutre à cette question.
La version que nous proposons appartient à la grande famille des éditions protestantes de la Bible. Elle se compose de deux parties : d’une part, l’Ancien Testament écrit à l’origine en hébreu (à l’exception de quelques chapitres en araméen ; cf. Dn 2.4n ; Esd 4.7n), qui constitue à lui seul l’intégralité de la Bible juive ; d’autre part, le Nouveau Testament, écrit en grec, exclusivement chrétien quoique la quasi-totalité de ses auteurs soient d’origine juive. Les éditions catholiques et orthodoxes comportent d’autres textes dans leur Ancien Testament (voir l’introduction à l’Ancien Testament) ; mais les livres présentés ici figurent dans toutes les Bibles chrétiennes.
Les livres ? Le singulier « la Bible » vient en fait d’un pluriel grec, ta biblia, « les Livres ». On a en effet affaire à un foisonnement de textes divers, écrits à des époques, en des lieux et par des gens fort différents, textes qui ont pourtant été rassemblés depuis bien longtemps pour constituer un seul livre. Des livres, donc, qui se donnent à lire à la fois séparément et en relation les uns avec les autres.
C’est dire qu’il y a une distance culturelle, linguistique, historique et géographique variable (près d’un millénaire sépare, par exemple, l’hégémonie assyrienne de l’époque romaine), mais en tout cas considérable, entre les textes et nous. Certes, comme bien d’autres écrits, chaque page de la Bible a quelque chose à nous dire dès l’instant où nous la lisons. Cependant elle s’est adressée, d’abord, à d’autres qu’à nous. C’est pour qu’il soit possible au lecteur de tenir compte de cette distance et d’entendre chaque texte dans sa tonalité propre que nous avons conçu cette édition d’étude. Elle comporte :
- des introductions générales à l’Ancien et au Nouveau Testament, ainsi que des introductions à chaque livre de la Bible. On n’y trouvera pas systématiquement une indication de l’auteur, de la date et du lieu d’origine de chaque texte : de tels renseignements sont souvent hypothétiques, parfois d’autant plus douteux qu’ils se veulent précis ; ils n’ont en tout cas pas le même degré de certitude ni la même importance pour tous les écrits bibliques. Qui plus est, les accords entre les spécialistes étant toujours partiels et provisoires, il aurait fallu, à maintes reprises, procéder à une juxtaposition laborieuse et néanmoins incomplète des thèses concurrentes, sans que le texte biblique en reçoive pour autant un éclairage décisif. Si les introductions que nous proposons sont tributaires des vastes connaissances amassées par l’étude scientifique de la Bible, elles sont aussi au bénéfice de la lecture individuelle et communautaire de l’Ecriture, telle qu’elle se pratique notamment dans les diverses familles du protestantisme. Elles s’efforcent avant tout de remettre dans sa perspective chaque texte tel qu’il nous est parvenu, de faire apparaître sa logique et ses structures propres et de suggérer des pistes pour une lecture enrichissante, à la fois signifiante pour le lecteur et attentive à la particularité de chaque écrit.
- une mise en page comprenant des paragraphes et des titres destinés à faire ressortir la structure du texte. Elle s’attache en particulier à distinguer la poésie de la prose sur la base d’une analyse métrique de l’original et à signaler les emprunts d’un texte à un autre, notamment les citations de l’Ancien Testament dans le Nouveau. Il importe toutefois de se rappeler que ces distinctions typographiques ne figurent pas dans l’original, quoiqu’elles résultent d’une analyse sérieuse du texte. Il en va de même des titres, qui s’efforcent de faire apparaître l’organisation du texte tout en pesant le moins possible sur son interprétation.
- des notes en bas de page, qui tentent de rendre compte du texte et de ses particularités dans le détail : autres traductions possibles, variantes des manuscrits et des versions anciennes, informations culturelles, linguistiques, historiques et géographiques susceptibles d’éclairer certains aspects du texte. Il ne s’agit jamais d’un commentaire doctrinal indiquant au lecteur « la bonne interprétation du texte » dans la perspective d’un « message biblique » global. Les notes constituent plutôt un atelier où chacun pourra venir chercher les outils nécessaires à l’étude, pour enrichir et renouveler sa propre lecture — lecture dont il reste seul responsable.
- intégrés dans les notes, de nombreux renvois à d’autres textes : d’abord des références bibliques consultables dans la présente édition, suivant le grand principe protestant qui veut que l’Ecriture sainte soit son propre interprète ; mais aussi des écrits extérieurs à la Bible, au moins dans son « canon protestant », et, dès lors, cités in extenso ou résumés1. Ces derniers écrits sontissus de la vaste littérature, essentiellement juive et chrétienne, dont le corpus biblique s’est détaché. Les citations qui en sont faites ne prétendent à aucune « autorité ». Comme il ne s’agit que d’extraits, elles ne permettent pas à elles seules de se faire une idée précise de cette littérature. Elles peuvent être antérieures ou postérieures au texte biblique dont elles sont rapprochées, et elles ne visent pas forcément à « l’éclairer » : rien ne saurait l’éclairer mieux, en général, que son contexte immédiat. Mais elles montrent comment les jeux de miroirs de l’intertextualité (la pratique toujours commune aux juifs et aux chrétiens de faire abonder, voire proliférer le sens des textes en les rapprochant les uns des autres) ont pu se produire, avant même que la rédaction de toute notre Bible soit achevée, au sein d’un ensemble bien plus large encore. Sur chacune des œuvres ainsi citées, un renvoi à l’index signalé par un astérisque (*) permettra d’obtenir quelques renseignements essentiels.
- un index, donc, quiprécise surtout le sens « biblique » de termes traditionnellement employés comme équivalents de tel ou tel mot hébreu, araméen ou grec, quand la traduction les a conservés, faute de mieux, en dépit d’un certain décalage avec leur sens le plus courant dans le français actuel — ainsi des mots comme « cœur », « chair » ou « esprit » ne sont pas forcément à prendre au sens qui viendrait spontanément au lecteur dans un texte moderne. Certes, la traduction aurait pu lever toute ambiguïté au cas par cas, comme elle l’a fait pour de nombreux autres termes ; mais on aurait sans doute perdu, ici et là, des notions essentielles à la Bible, qui ne correspondent pas tout à fait aux représentations courantes de nos jours. Sans vouloir fournir une synthèse conceptuelle (car la diversité des emplois d’un même mot ne se laisse pas toujours synthétiser dans un concept qui en serait le « dénominateur commun »), l’index décrit l’usage de ce « français biblique », de façon à aider le lecteur à corriger, le cas échéant, l’écart par rapport à l’usage moderne prépondérant. On y trouvera par ailleurs une foule d’informations sur le monde de la Bible, ainsi que des renvois aux principales notes explicatives.
- entre l’Ancien et le Nouveau Testament, ainsi qu’à la fin de l’ouvrage, figurent également d’autres annexes :notamment des repères chronologiques, un tableau synoptique présentant un plan comparé des quatre évangiles, des cartes géographiques et une concordance permettant de retrouver aisément de nombreux textes de la Bible. Mais une bonne partie des informations historiques et géographiques sont réparties dans l’ensemble du livre, sous forme de cartes, de tableaux et d’encadrés, à l’endroit où elles sont le plus utiles ; il reste en tout cas possible de les retrouver à partir de l’index général.
Quant à la traduction, elle résulte de plusieurs révisions, sur les originaux, de celle qui a été réalisée dans la seconde moitié du XIXe siècle par Louis Segond, docteur en théologie de Genève. Dans sa révision posthume de 1910, qui différait assez peu de la première édition, cette traduction s’est imposée à l’ensemble du protestantisme francophone, et sa renommée s’est étendue bien au-delà. Après une révision plus importante parue en 1978 (connue sous le nom de Bible « à la colombe »), elle a été de nouveau l’objet d’un examen approfondi dans les années 1990. Plus d’une cinquantaine de spécialistes ont été consultés pour passer la traduction de chaque livre biblique au crible des découvertes modernes, qui nous permettent de mieux comprendre aujourd’hui les langues et l’univers culturel de la Bible. Les responsables de la révision se sont en outre appliqués à rendre la traduction plus cohérente, pour que les correspondances possibles entre les différentes parties de la Bible en français reflètent, autant que faire se peut, les relations qui ont été effectivement établies entre les textes originaux. L’outil informatique a été d’une grande aide dans ce domaine. On a procédé quelquefois à une actualisation du vocabulaire : des tournures et des termes vieillis ont été remplacés par des équivalents plus courants aujourd’hui, et on a préféré l’expression la plus naturelle quand le sens de l’original ne faisait pas de doute.
Cependant la présente traduction reste à bien des égards une traduction classique, donc exigeante. La Bible, en effet, est un ouvrage complexe. Dès lors qu’il y a eu « Bible », c’est-à-dire recueil de textes d’époques, d’auteurs et de genres différents, le lecteur, même si l’hébreu ou le grec était sa langue maternelle, a été obligé de fournir un sérieux effort pour la comprendre. Les auteurs de la présente traduction, depuis Louis Segond jusqu’à ses derniers réviseurs, ont choisi de ne pas faire de la simplicité leur principal objectif. Ils ont tenu à conserver ou à mettre en valeur les images, les métaphores, les évocations et les représentations propres aux langues originales — qui ont d’ailleurs largement contribué à la formation de la langue française — au moins lorsqu’elles ne présentent pas un risque sérieux de contresens (dans le cas contraire, les particularités de la tournure originale sont indiquées en note [« litt. »]). Il s’agissait en effet de rendre non seulement ce qui est écrit — ou du moins ce que nous en comprenons — mais aussi, autant que possible, la façon dont cela est écrit. Un de nos principaux soucis a été de garder une distance critique par rapport au risque d’aplatissement ou d’affadissement, sinon de dérive, inhérent à toute traduction d’un texte présentant autant d’enjeux, risque qui augmente à mesure qu’on « simplifie ». Le texte, en effet, résiste toujours à l’ambition du traducteur, qui consiste à dire « simplement » ce qu’il a compris de la façon qu’il trouve « naturelle ». Une traduction destinée à l’étude porte nécessairement les traces de cette résistance. Elle navigue entre des écueils qu’elle ne peut pas toujours éviter tout à fait, redoutant autant d’être plus claire que l’original que d’être plus obscure que lui, d’être plus élégante que d’être plus maladroite. Ce faisant, elle espère préserver ce qui fait, sur le plan littéraire, la particularité de la Bible : un livre à plusieurs voix qui n’est pas seulement l’objet d’une lecture linéaire à sens unique, mais aussi d’une relecture individuelle et communautaire à plusieurs niveaux — relecture en devenir dont témoigne, sans l’enclore, l’histoire de l’exégèse. Elle se doit de servir la rencontre, toujours à refaire, entre les textes et leurs lectures diverses, sans mesurer ce qu’elle transmet à l’aune de l’interprétation du moment — si savante et autorisée soit-elle.
S’il ne fallait dire qu’un mot sur le contenu de la Bible, ce serait peut-être ce qui va presque toujours sans dire : la Bible est connue comme un livre qui parle de « Dieu ». Pourtant elle en parle assez rarement sur le mode de la théologie, c’est-à-dire du discours théorique (tel qu’il se déploie dans l’épître aux Romains). Elle comporte des récits où « Dieu » est acteur, où il agit et parle directement, de diverses manières (p. ex. Gn 1—11 ou Jonas), comme les dieux des anciennes mythologies... et toutefois différemment, pour autant qu’il s’agit du Dieu unique. Plus souvent elle désigne en lui le maître et le juge invisible de l’histoire d’un peuple, voire de l’histoire tout court, dont les événements heureux ou malheureux apparaissent comme les effets de ses actions salvatrices ou punitives (Deutéronome ; Rois). Elle rapporte des paroles d’hommes (les « prophètes » comme Amos ou Osée), et parfois de femmes (p. ex. la prophétesse Houlda, 2R 22.15ss), qui parlent ou écrivent au nom de « Dieu » et dont le discours nous semblera cependant maintes fois plus éthique, social ou politique que religieux. Elle renferme aussi des prières (p. ex. les Psaumes), c’est-à-dire des paroles d’hommes et de femmes adressées à « Dieu », où s’expriment tour à tour allégresse et désespoir, effroi et confiance, désir et regret. Elle contient encore des récits (p. ex. Esther), des poèmes (p. ex. le Cantique des cantiques) et des réflexions (p. ex. l’Ecclésiaste / Qohéleth) où « Dieu » peut sembler passablement absent.
En tout cela la Bible reste, aussi, un livre humain — au point que théologiens et philosophes l’ont souvent jugée trop humaine. Pourtant la tradition chrétienne, et les protestants y ont insisté, reconnaît dans tous les textes qui la composent — et pas seulement dans les discours attribués au locuteur « Dieu » — une parole de Dieu, le produit d’une inspiration divine (cf. 2Tm 3.16). Cette confession de foi est souvent paradoxale : même là où Dieu ne parle pas (p. ex. Ruth), Dieu parle ! Même là où Dieu est violemment pris à partie (p. ex. Job 3—31), Dieu parle ! Plutôt que de souscrire à une telle affirmation avec une hâte irréfléchie ou de la rejeter d’emblée, mieux vaut sans doute l’entendre comme une invitation à l’approfondissement, à la recherche, ou au désir...
Le Comité de rédaction
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Genèse
Introduction
Le premier livre de la Bible s’appelle « Genèse », c’est-à-dire origine, parce qu’il a pour sujet les origines du monde, de l’humanité et du peuple d’Israël.
Chap. 1–11 : Comment comprendre le monde dans lequel nous vivons ? Qu’est-ce que l’homme ? Quelle est sa place dans le monde ? Pourquoi les relations des hommes entre eux sont-elles si souvent empoisonnées ? Y a-t-il un remède à cela ? c’est à ces questions toujours actuelles que répond cette première partie de la Genèse : L’homme et la femme dans la création (1–2) ; leur rupture avec Dieu (3) ; Caïn et Abel (4) ; Noé dans la grande inondation (6–9) ; la tour de Babel (11). Les faits auxquels renvoient ces récits ne peuvent être fixés avec précision dans le calendrier de l’histoire humaine.
Les chap. 12–50 racontent comment Dieu apporte le salut à l’humanité en appelant à son service les premiers ancêtres d’Israël : Abraham (12.1–25.18), remarquable par sa foi et son obéissance à Dieu, demeure toujours un modèle. Son fils Isaac. Son petit-fils Jacob (25.19–36.43), qui reçut aussi le nom d’Israël. Joseph (37.1–50.26), un des fils de Jacob, ancêtre de deux tribus, est au centre des événements qui amenèrent Jacob et ses autres fils avec leurs familles à vivre en Égypte.
La Genèse est d’abord et surtout un enseignement sur ce que Dieu a fait. Elle commence par affirmer que Dieu a créé l’univers, ce qui en révèle la grandeur, mais le soumet tout entier à Dieu. Le livre se termine sur la promesse que Dieu continuera à prendre soin de son peuple. D’un bout à l’autre, c’est Dieu qui est le personnage principal : il se fait connaître, il juge, il guide et aide son peuple, il façonne l’histoire de celui-ci.
En réponse, Dieu demande qu’on croie en lui et en ses promesses, qu’on obéisse à ses ordres et à ses lois.
Ce livre a recueilli les traditions anciennes d’Israël, pour faire connaître comment ce peuple a vécu sa foi et pour contribuer à maintenir celle-ci vivante.ebook (ePub) 18.99 €
Avant-propos à l'édition 2010
L’idée d’une version de la Bible qui soit commune aux confessions chrétiennes francophones est ancienne : elle remonte à Richard Simon au xxe siècle. Mais elle n’a pris vraiment corps et atteint le grand public que dans les années soixante du xxe siècle.
Le test de l’épître aux Romains
Pour vérifier que l’entreprise était viable, on essaya de traduire en commun l’épître aux Romains, selon le principe « qui peut le plus peut le moins ». On sait que l’interprétation de cette épître a donné lieu, dans le passé, aux affrontements les plus vifs entre protestants et catholiques.
Le projet initial avait en fait été de procéder à une révision œcuménique de la Bible de Jérusalem. Mais les premiers essais, sur l’épître aux Romains, confiés aux professeurs P. Bonnard (Lausanne) et P. Prigent (Strasbourg), ont rapidement conduit les responsables à constater qu’on était déjà au-delà d’un simple travail de révision, et qu’en réalité on avait commencé une œuvre nouvelle.
Il fut donc décidé de constituer une équipe paritaire de six traducteurs. On était en 1965. L’entreprise se trouvait alors encouragée du côté catholique par la récente promulgation de la Constitution dogmatique Dei Verbum du concile Vatican II. Au bout d’un peu plus d’un an de travail commun on put considérer que le pari était gagné : un fascicule comportant introduction, traduction et annotation communes de l’épître vit le jour. La démonstration était faite : puisqu’on pouvait traduire ensemble l’épître aux Romains, on pouvait se lancer dans la traduction de toute la Bible ! En outre un constat aussi intéressant qu’inattendu était apparu : les clivages ou désaccords de traduction ne se faisaient pas entre confessions mais entre traducteurs, qu’ils soient catholiques ou protestants. Un débat fraternel – un tel travail en commun ne se fait pas sans créer des liens solides – permit de résoudre les difficultés à la satisfaction de tous.
Une traduction de toute la Bible enfin possible
On se mit donc au travail pour l’ensemble de la Bible. A cet effet on constitua des équipes, toutes paritaires, de spécialistes. Pour cette tâche considérable on réussit à mobiliser presque 120 traducteurs, l’indispensable coordination étant assurée, tant pour le Nouveau Testament que pour l’Ancien, par deux équipes, elles aussi paritaires. Les noms du père François Refoulé et du pasteur Georges Casalis, infatigables chevilles ouvrières de l’entreprise, doivent être ici cités, même si le principe du travail collectif et de l’anonymat des traducteurs a toujours été respecté (on trouvera en regard de la page de titre la liste de tous ceux qui ont participé d’une manière ou d’une autre). Le Nouveau Testament put paraître en 1972, et l’Ancien en 1975.
A côté de cette édition dite « avec notes intégrales » (et références marginales) voyait aussi le jour une édition de volume plus réduit, dite « avec notes essentielles », ces dernières portant exclusivement sur les problèmes de texte ou de traduction, ainsi que sur le cadre historico-culturel à connaître pour pouvoir situer le texte lu. Il va de soi que les textes de ces deux éditions parallèles étaient strictement identiques et qu’ils devaient le rester au fur et à mesure des révisions.
Une première mise à jour (1988)
Après un usage d’une quinzaine d’années il devint évident qu’un toilettage de l’ensemble était nécessaire. Plusieurs raisons justifiaient cette mise à jour – qui s’impose d’ailleurs périodiquement à toute édition de la Bible.
En premier lieu, les éditeurs avaient reçu de lecteurs exigeants des remarques ou des suggestions concernant la traduction ou son annotation. Justifiées ou non, ces remarques devaient toutes être examinées.
En second lieu, le grand nombre de traducteurs était la cause d’une certaine diversité dans la traduction de certains mots ou de certains passages parallèles. Certes les évangiles synoptiques avaient été traduits de manière synoptique – c’est-à-dire que des libellés grecs identiques avaient été rendus en français de manière identique –, mais cela n’avait pas été le cas par exemple pour les passages parallèles des livres des Chroniques et des Rois. Une harmonisation s’avérait nécessaire.
En troisième lieu, la Bible représente une telle masse de textes à traiter que, malgré le soin rigoureux apporté à leur travail par les équipes engagées, un certain nombre de mises au point restaient indispensables.
Le fait mérite d’être souligné : à de rares exceptions près il a été possible de réunir à nouveau les mêmes équipes responsables pour la grande vérification qui donna le jour à une deuxième édition de la TOB, parue en 1988.
Le problème du Pentateuque en 2004
Une quinzaine d’années plus tard des spécialistes de l’Ancien Testament ont alerté le comité de l’AORB1 sur le fait que la conception qui prévalait quelques décennies plus tôt concernant la composition du Pentateuque avait vieilli et se trouvait de plus en plus contestée : il n’était plus possible de regarder, comme c’était encore le cas aux débuts de la TOB, l’ensemble des cinq premiers livres de la Bible comme une sorte d’œuvre composite empruntant à quatre documents antérieurs, qu’on appelait respectivement « yahviste », « élohiste », « deutéronomiste » et « sacerdotal ». L’AORB décidait alors de confier l’indispensable mise à jour à une équipe – toujours œcuménique – de cinq spécialistes du Pentateuque, chargée de reprendre les introductions et l’annotation du Pentateuque, en tenant compte des avancées de la science. La traduction, elle, ne subit que d’infimes ajustements. L’équipe des rédacteurs sollicités profita de l’occasion pour actualiser aussi les introductions générales à la Bible et à l’Ancien Testament, et pour réviser le tableau chronologique et en écarter les datations par trop aventureuses, comme par exemple celles des patriarches.
En 2003 ce travail a été publié en un fascicule séparé, donnant le Pentateuque sous sa nouvelle présentation avant que celui-ci ne soit intégré dans l’édition datée de 2004. L’édition dite « avec notes essentielles » était parallèlement mise à jour.
La nouvelle édition de 2010
Après cette révision du Pentateuque, une nouvelle édition de la TOB devenait nécessaire pour au moins deux raisons.
En premier lieu, une participation plus active de la partie orthodoxe se devait d’apparaître ici ou là dans l’annotation de certains passages et surtout dans l’adjonction des livres deutérocanoniques en usage dans la liturgie des Eglises orthodoxes : 3 et 4 Esdras,3 et 4 Maccabées, Prière de Manassé, Psaume 151.
En deuxième lieu, après la révision de 2004, qui portait sur le seul Pentateuque, il convenait de mettre à jour le reste de la traduction, d’autant que la science biblique a continué de progresser : elle permet aujourd’hui une approche plus précise de la datation de certains livres et un éclairage historico-culturel parfois plus précis du texte biblique grâce aux nouveaux progrès de l’archéologie.
Enfin, dans le prolongement des travaux d’un Paul Ricœur sur le phénomène de la lecture, par exemple, on est mieux à même de comprendre aujourd’hui comment un livre aussi complexe que celui d’Esaïe présente une unité jusqu’alors plus ou moins méconnue. Sur la base de ces constats les introductions, d’une part, et l’annotation, d’autre part, ont été l’objet d’un certain nombre de retouches.
Quant à la traduction elle-même, elle a été revue dans une double perspective.
En premier lieu, pour faire droit aux remarques de certains lecteurs, on a, quand cela se justifiait, procédé à des retouches ponctuelles.
Citons, à titre d’exemple, le cas de Gn 4.21, où on a remplacé cithare (désignation anachronique) par lyre ; ou de Gn 1.1, où l’on est revenu, sur le fond, à la traduction de 1975, tout en faisant apparaître l’aspect de titre ou de sommaire du premier verset de la Bible. Dans certains cas, on a préféré au décalque, fidèle à la forme du texte original, une traduction plus fidèle au sens. Ainsi en Mc 10.23, au lieu de « Qu’il sera difficile… ! », on lira « Qu’il est difficile… ! », car le futur a ici une valeur de sentence plus que de temps. N’entrons pas dans les détails des améliorations du français ou de l’orthographe – en particulier pour certains noms propres –, ni de la correction de coquilles ayant survécu aux relectures des éditions précédentes, ni de la rectification éventuelle de la ponctuation ou de la remise en place d’un numéro mal placé de verset, de référence marginale, voire d’un changement de sous-titre.
Outre ces retouches ponctuelles on a procédé à un certain nombre de retouches systématiques.
Les premières ont porté sur les noms divins. La quasi-totalité d’entre eux comportait en effet les qualificatifs « puissant » ou « tout-puissant ». Or ces qualificatifs sont en réalité étrangers aux noms divins respectifs pour lesquels il faut trouver un équivalent français. Ainsi la séquence très fréquente Adonaï (Elohim) Sabaoth, littéralement le Seigneur (Dieu) des armées, qui était rendue par « le Seigneur (Dieu), le tout-puissant » a été revue en le Seigneur (Dieu) de l’univers, qui rend mieux l’étendue des compétences du Dieu de la Bible.
Dans la même perspective l’appellation Shaddaï, qui était rendue par « le Dieu Puissant », a été tout simplement transcrite. Les meilleures études récentes, en effet, reconnaissent ignorer complètement sa signification. A la première occurrence (Gn 17.1) une note apporte sur ce point les précisions utiles.
Le titre pantokratôr, qui apparaît non seulement dans les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau Testament, est uniformément rendu par le Souverain.
Certaines expressions idiomatiques ont été conservées dans leur forme décalquée, mais leur signification est élucidée dans une note, ou bien elles ont été rendues par un équivalent français adéquat. C’est ainsi que le décalque « parler au cœur » a été rectifié en « parler contre le cœur », avec note explicative, voire carrément traduit comme en Gn 34.3 : « Il se prit d’amour pour la jeune fille et regagna sa confiance. »
La « guerre sainte » est devenue guerre de Dieu pour des raisons que chacun comprendra. « Conclure une alliance en faveur de » est devenu conclure une alliance avec, les « pasteurs » sont devenus des bergers, etc.
Le qualificatif « jaloux », quand il est accolé au nom divin, ayant toutes chances d’être compris au sens de « envieux », a été systématiquement remplacé. On lit maintenant : un Dieu exigeant. Quant à la « jalousie » de Dieu, elle a fait place à son zèle dans les cas où Dieu prend le parti de son peuple, et à son ardeur quand il s’en prend à lui.
Le verbe « prophétiser », quand il décrit l’activité du prophète, porte-parole de Dieu, ouvrait la porte à un contresens, dans la mesure où il était compris au sens usuel de « prédire ». Il a donc été avantageusement remplacé par parler en/comme prophète.
En ce qui concerne le Nouveau Testament, à la suggestion de l’Amitié judéo-chrétienne de France, la traduction systématique du grec Ioudaioi par « Juifs » dans l’évangile johannique a été entièrement revue. En français, en effet, le terme « juif » n’a que deux acceptions : (1) adepte de la religion juive, (2) descendant de Jacob. Or le grec de l’évangile johannique a, quant à lui, un éventail de quatre acceptions disponibles : outre celles du français, il peut désigner aussi, selon les cas, soit les Judéens (3), soit les autorités du judaïsme (4), en l’occurrence les membres du sacerdoce jérusalémite. Les acceptions (3) et (4) ne pouvaient donc pas être rendues comme les acceptions (1) et (2). Une équipe œcuménique a cherché à identifier l’acception convenable pour les soixante-huit cas où le terme « juif » se trouve dans l’évangile de Jean, proposant chaque fois l’équivalent français que le contexte rendait satisfaisant.
Editeurs et réviseurs espèrent avoir ainsi rendu plus aisée et donc plus profitable la lecture de la Bible.
Notes
1 ♦ Association œcuménique pour la recherche biblique, qui gère éditions et révisions de la Traduction œcuménique de la Bible (TOB).
ebook (ePub) 18.99 €
La Bible en français courant rend le texte original avec élégance et précision en faisant usage, autant que possible, des tournures françaises d'aujourd'hui. Elle est l'oeuvre d'une équipe interconfessionnelle.
Edition avec les livres deutérocanoniques
Avec notes, introduction à chaque livre et vocabulaire
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Collectif
- BIBLI'O
- 1 Janvier 2011
- 9782853002196
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