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Résister à la culpabilisation : Sur quelques empêchements d'exister
Mona Chollet
- Zones
- 19 Septembre 2024
- 9782355222351
Harcèlement, humiliations, insultes : nous sommes bien averti.es de ces fléaux de la vie en société et nous nous efforçons de lutter contre eux. Mais il y a un cas de figure que nous négligeons : celui où l'agresseur, c'est... nous-même. Bien souvent résonne dans notre tête une voix malveillante qui nous attaque, qui nous sermonne, qui nous rabaisse ; qui nous dit que, quoi que nous fassions, nous avons tort ; que nous ne méritons rien de bon, que nous présentons un défaut fondamental. Cette voix parle particulièrement fort quand nous appartenons à une catégorie dominée : femmes, enfants, minorités sexuelles ou raciales...
Ce livre se propose de braquer le projecteur, pour une fois, sur l'ennemi intérieur. Quels sont ces pouvoirs qui s'insinuent jusque dans l'intimité de nos consciences ? Comment se sont-ils forgés ?
Nous étudierons quelques-unes de leurs manifestations : la disqualification millénaire des femmes et, notamment, aujourd'hui, des victimes de violences sexuelles ; la diabolisation des enfants, qui persiste bien plus qu'on ne le croit ; la culpabilisation des mères, qui lui est symétrique ; le culte du travail, qui indexe notre valeur sur notre productivité ; et enfin la résurgence de logiques punitives jusque dans nos combats contre l'oppression et nos désirs de changer le monde. -
Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.
Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?
Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante -; puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant -; puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée - devenue, et restée depuis, un objet d'horreur.
Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever. -
Réinventer l'amour : comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles
Mona Chollet
- Zones
- 16 Septembre 2021
- 9782355221750
Nombre de femmes et d'hommes qui cherchent l'épanouissement amoureux ensemble se retrouvent très démunis face au troisième protagoniste qui s'invite dans leur salon ou dans leur lit : le patriarcat. Sur une question qui hante les féministes depuis des décennies et qui revient aujourd'hui au premier plan de leurs préoccupations, celle de l'amour hétérosexuel, ce livre propose une série d'éclairages.
Au coeur de nos comédies romantiques, de nos représentations du couple idéal, est souvent encodée une forme d'infériorité féminine, suggérant que les femmes devraient choisir entre la pleine expression d'elles-mêmes et le bonheur amoureux. Le conditionnement social subi par chacun, qui persuade les hommes que tout leur est dû, tout en valorisant chez les femmes l'abnégation et le dévouement, et en minant leur confiance en elles, produit des déséquilibres de pouvoir qui peuvent culminer en violences physiques et psychologiques. Même l'attitude que chacun est poussé à adopter à l'égard de l'amour, les femmes apprenant à le (sur ?) valoriser et les hommes à lui refuser une place centrale dans leur vie, prépare des relations qui ne peuvent qu'être malheureuses. Sur le plan sexuel, enfin, les fantasmes masculins continuent de saturer l'espace du désir : comment les femmes peuvent-elles retrouver un regard et une voix ? -
Et si l'on avait fait fausse route dans l'interprétation du
Petit Chaperon rouge ? De cette histoire familière, on a surtout retenu une mise en garde contre des prédateurs inconnus, intégré l'idée que le danger rôdait dehors. Et pourtant...
Il était une fois, sous une flamboyante capuche rouge, un petit malentendu. Perrault et les frères Grimm s'étaient donné de la peine, ils avaient semé les indices comme d'autres sèment les cailloux, mais en vain. Quelque chose en nous résistait, à nos corps défendants. Affabulation collective, le déni mit tout à l'envers : on verrouilla, d'un même geste, et le contresens et la porte de nos maisons. Rembobinons. Qu'est-ce que c'est que cette grand-mère " folle " de sa petite-fille ? Pourquoi l'enfant donne-t-elle si prestement son adresse au loup ? Aurait-elle d'excellentes raisons de traîner des pieds en chemin ? Est-il bien vrai que la forêt est un danger et la maison un lieu sûr ? Et, surtout, qui se cache sous la couverture ? Un loup grimé en mère-grand, vraiment ?
L'enquête est rouverte. À travers un réseau de récits fictionnels et familiaux, où surgissent, au détour d'un sentier, Sigmund Freud, Virginia Woolf ou encore David Lynch, Lucile Novat dissèque la fable, débusque le tabou, et fait retentir un tout autre avertissement.
Suivi de
Barbe-Bleue, un conte dont vous êtes le Perrault. -
Comment bifurquer : Les principes de la planification écologique
Cédric Durand, Razmig Keucheyan
- Zones
- 14 Mars 2024
- 9782355221927
Après des décennies de fantasmes néolibéraux sur les vertus régulatrices du marché, les gouvernants reparlent aujourd'hui de " planification " face à l'urgence climatique. Au-delà des affichages, en quoi consisterait une authentique planification écologique ?
Ce livre propose de revenir sur l'histoire de cette notion au XXe siècle, entre économies de guerre et expériences socialistes, de revisiter les débats classiques ayant opposé les adeptes du " signal prix " et ceux du " calcul en nature ", mais aussi de montrer en quoi la situation actuelle est porteuse de possibilités de planification nouvelles. Le déploiement maîtrisé des outils numériques, des techniques comptables novatrices et l'approfondissement des institutions de la délibération collective peuvent donner lieu à un gouvernement de la production par les besoins. Tant qu'ils resteront pris dans le carcan du " libre marché ", les écogestes des consommateurs se révéleront impuissants. Ce sont les structures économiques qu'il s'agit de transformer pour réduire l'impact écologique des activités humaines.
Face à ce défi, cet ouvrage tente de poser les piliers d'un programme de planification écologique fondé sur la décroissance dans l'exploitation de la nature, sur la justice environnementale et sur la démocratie économique. -
Éloge du bug : Être libre à l'époque du numérique
Marcello Vitali-Rosati
- Zones
- 7 Mai 2024
- 9782355222245
" Ça marche, c'est tout ", nous dit la publicité pour un smartphone. C'est simple, c'est intuitif. Il n'y a pas à se poser de questions. Le passage au numérique tel que nous le vivons aujourd'hui correspond largement à une délégation généralisée des choix politiques, éthiques, culturels et sociaux à des opérateurs privés qui ont su rapidement proposer des " solutions fonctionnelles " pour à peu près tout.
Dans cet essai provocateur, le philosophe Marcello Vitali-Rosati prend le contre-pied de cet " impératif fonctionnel " au coeur de la vision du monde dans laquelle les GAFAM nous enferment.
Il propose au contraire de réfléchir à partir de ce qui heurte le flux bien huilé des rhétoriques de l'immatérialité, de la simplicité, de l'intuitivité et du bon fonctionnement : le bug. En anglais, ce mot signifie " insecte ", mais aussi " spectre ". En court-circuitant la machine qu'il habite et qu'il hante, le bug nous pousse à ouvrir la boîte noire.
C'est aussi ce à quoi ce livre nous invite. Au lieu de nous laisser séduire par un discours qui, nous promettant de nous délivrer de toutes les tâches matérielles, finit par nous asservir à une poignée de plateformes, nous pouvons cultiver une connaissance critique des technologies à même de nous libérer de cette emprise. -
Bouffées de chaleur : briser le tabou de la ménopause
Miriam Stein
- Zones
- 12 Octobre 2023
- 9782355222115
La ménopause est l'un des ultimes tabous dans la vie des femmes. Atteinte des premiers symptômes de la périménopause à 44 ans, la journaliste Miriam Stein s'est trouvée désemparée face à ce bouleversement, avant de prendre le problème à bras-le-corps.
Elle nous livre en son propre nom, avec naturel, humour et une belle sensibilité, un récit intime qui s'enrichit de nombreux éclairages tirés d'ouvrages littéraires, d'études scientifiques et de penseuses féministes, dont Simone de Beauvoir et Gloria Steinem.
Au-delà de son expérience personnelle, elle s'attaque aux clichés dont la ménopause est affublée, en nous donnant des repères médicaux sur le phénomène, en analysant sa signification culturelle et en mettant en lumière les stratégies employées par les femmes pour mieux passer le cap, se sentir bien dans leur peau et reprendre le pouvoir sur leur vie.
Plaidant pour une émancipation et une affirmation féminines à tous les âges de la vie, Miriam Stein cherche, contre la relégation qui les frappe, à changer le regard que la société porte sur les femmes " mûres ". Car vieillir peut aussi signifier un nouveau départ, une nouvelle liberté. -
Pourquoi parler encore des mecs ? Quand tout se passe comme si les humains étaient hommes par défaut et femmes par exception, il semble qu'on n'en parle déjà que trop.
À y regarder de plus près, cependant, on parle beaucoup
d'hommes mais plus rarement
des hommes. On parle d'individus en particulier, bien peu de la classe des hommes dans son ensemble.
On parle des Grands Hommes, moins de tous ceux qui envoient des photos de leur pénis sur Internet. On parle plus des ministres que des violeurs (sauf quand il s'agit du même type).
Alors, si nous retournons le regard féministe vers les hommes, que voyons-nous ? Soudain, on comprend comment les hommes sont construits et les histoires qu'on se raconte sur la " nature masculine " se révèlent mensongères. On voit que l'amour des hommes pour les femmes n'est pas un cadeau. On voit qu'en un sens les hommes préfèrent de toute façon les hommes, ce qui ne les empêche pas d'être homophobes.
Je suis une femme blanche, trans et lesbienne et mon point de vue n'est pas moins neutre qu'un autre. Je vais recourir à des statistiques, des théories, des histoires, des dessins et des punchlines pour vous faire poser un nouveau regard sur vos pères, vos frères, vos compagnons, vos ex - et peut-être sur vous-même. -
Les aménagements urbains pour les Jeux olympiques 2024 ont suscité de vives résistances, notamment à Saint-Denis et Aubervilliers, au nord de Paris. Mais, au-delà des JO, c'est un immense projet de renouvellement urbain qui se profile avec le Grand Paris d'ici 2030. Dans les banlieues populaires, de nombreuses habitantes et habitants sont expulsés, expropriés de leur maison, relogés dans un autre logement social et doivent laisser place aux 68 futures gares du nouveau réseau de transport du Grand Paris Express.
Autour de chacune de ces gares, de grands projets urbains prévoient la démolition de milliers de logements sociaux, reconstruits plus loin, plus chers, tandis que les prix immobiliers augmentent rapidement dans le parc privé. En décalage complet avec les besoins des classes populaires qui se paupérisent depuis des décennies, la Métropole du Grand Paris se construit pour tenir son rang dans la concurrence internationale, en rentabilisant le sol urbain et en cherchant à attirer de nouveaux investisseurs. À partir d'une enquête de terrain menée autour des futures gares de huit communes de proche couronne, ce livre raconte l'histoire vue par les perdants de cette opération. -
Les chaînes sans fin : histoire illustrée du tapis roulant
Yves Pagès
- Zones
- 24 Août 2023
- 9782355222139
Parmi les machines qui hantent nos vies quotidiennes, le tapis roulant est celle qui traverse le plus insidieusement tous les secteurs d'activité : des tapis mobiles sur chaîne d'assemblage aux tapis de caisse de la moindre supérette en passant par ceux dévolus à l'exercice corporel du fitness. Travail posté, rituel consumériste et souci hygiénique de soi : trois postures qui, chacune à sa manière, nous condamnent à l'éternel recommencement d'une marche forcée.
Cet essai veut en retracer la généalogie, plus sinueuse et méconnue qu'il n'y paraît. Sans s'attarder sur les " grues à tympan " de l'Antiquité romaine, on passe en revue bien des appareils oubliés - le " moulin disciplinaire " des prisons de l'ère victorienne, le " manège à plan incliné " des agriculteurs du XIXe siècle ou le " trottoir mouvant " de l'Exposition universelle de 1900 - avant d'aborder les usages plus récents de cet outil crucial du management fordien, de la consommation de masse et du test d'effort cardiovasculaire.
Au fil de cette enquête, toutes sortes de matériaux historiques sont mis à contribution : des brevets d'obscurs inventeurs aux running gags du cinéma muet.
Et, à l'arrivée, on retombe sur notre très contemporain tapis de course, cette figure terminale du mythe progressiste : de grands bonds en avant qui, la plupart du temps, ne nous ont avancés à rien. -
Le mythe de l'entrepreneur : défaire l'imaginaire de la Silicon Valley
Anthony Galluzzo
- Zones
- 12 Janvier 2023
- 9782355221989
Elon Musk et Jeff Bezos aujourd'hui, Steve Jobs et Bill Gates hier, Thomas Edison et Andrew Carnegie un siècle plus tôt... De nombreuses célébrités entrepreneuriales peuplent nos imaginaires. Ces grands hommes seraient des créateurs partis de rien, des visionnaires capables d'imaginer des innovations révolutionnaires, des génies aux capacités hors du commun. Régulièrement, un même miracle semble se produire : un être d'exception pénètre un marché et le révolutionne. Il y provoque la création destructrice et bouleverse un ordre que l'on croyait immuable. Dans le grand roman de notre économie, les entrepreneurs sont ces héros qui sortent l'humanité de sa torpeur et lui permettent de faire des bonds en avant sur la route du progrès. Dans ce livre, Anthony Galluzzo s'attache à défaire cette mythologie, à comprendre ses caractéristiques et ses origines. Il montre en quoi cet imaginaire fantasmatique nous empêche de saisir la dimension fondamentalement systémique de l'économie et contribue à légitimer un ordre politique fondé sur le conservatisme méritocratique, où chaque individu est considéré comme pleinement comptable de ses réussites et de ses échecs.
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Pensées décoloniales : une introduction aux théories critiques d'Amérique latine
Philippe Colin, Lissell Quiroz
- Zones
- 9 Mars 2023
- 9782355221545
La théorie décoloniale constitue l'un des discours phares de notre temps. Loin des imprécisions dont elle fait souvent l'objet, cet ouvrage, première synthèse en français sur son origine latino-américaine, offre une généalogie et une cartographie d'un continent de pensée méconnu en Europe. Mêlant récits historiques, portraits de théoriciens (dont Gloria Anzaldúa, Arturo Escobar ou Aníbal Quijano), extraits d'oeuvres non encore traduites, explications de concepts clés, ce livre offre une introduction claire, informée et stimulante des apports d'un des courants les plus féconds de la théorie critique contemporaine.
La conquête de l'Amérique, scène inaugurale de la modernité capitaliste, fut aussi l'acte de naissance de nouveaux rapports coloniaux de domination qui ont modelé une hiérarchie planétaire des peuples selon des critères raciaux, sexuels, épistémiques, spirituels, linguistiques et esthétiques. Or cette colonialité du pouvoir n'a pas été enterrée par les décolonisations. Si l'on veut en sortir, il faut (re)connaître les expériences vécues par celles et ceux qui ont résisté à l'imposition de ces régimes, les savoirs produits par les sujets marqués par la blessure coloniale, et tenter de discerner, dans ces fragiles " nouveaux mondes ", l'horizon d'un dépassement de la colonialité. -
Les luttes et les rêves ; une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours
Michelle Zancarini-Fournel
- Zones
- 1 Décembre 2016
- 9782355221149
Une histoire de la France " d'en bas ", celles des classes populaires et des opprimés de tous ordres, pour un livre monumental : une histoire des résistances, des révoltes et des rébellions face à l'ordre établi et aux pouvoirs dominants, une histoire qui restitue le champ des possibles non aboutis dans leur contexte politique, économique et social, mais qui passe aussi par l'histoire du quotidien, de l'intime et du sensible, attentive aux émotions, aux bruits et aux sons.
1685, année terrible, est à la fois marquée par l'adoption du Code Noir, qui établit les fondements juridiques de l'esclavage " à la française ", et par la révocation de l'édit de Nantes, qui donne le signal d'une répression féroce contre les protestants. Prendre cette date pour point de départ d'une histoire de la France moderne et contemporaine, c'est vouloir décentrer le regard, choisir de s'intéresser aux vies de femmes et d'hommes " sans nom ", aux minorités et aux subalternes, et pas seulement aux puissants et aux vainqueurs.
C'est cette histoire de la France " d'en bas ", celle des classes populaires et des opprimé.e.s de tous ordres, que retrace ce livre, l'histoire des multiples vécus d'hommes et de femmes, celle de leurs accommodements au quotidien et, parfois, ouvertes ou cachées, de leurs résistances à l'ordre établi et aux pouvoirs dominants, l'histoire de leurs luttes et de leurs rêves.
Pas plus que l'histoire de France ne remonte à " nos ancêtres les Gaulois ", elle ne saurait se réduire à l'" Hexagone ". Les colonisés - des Antilles, de la Guyane et de La Réunion en passant par l'Afrique, la Nouvelle-Calédonie ou l'Indochine - prennent ici toute leur place dans le récit, de même que les migrant.e.s qui, accueilli.e.s " à bras fermés ", ont façonné ce pays. -
Autour de nous, des objets en bois. Futiles. Précieux.
De quels arbres ont-ils la fibre, de quelles forêts sont-ils l'essence ? Forêts jardinées ou plantations monospécifiques ? Des cagettes en peuplier, des palettes en pin maritime, des traverses en chêne, du lamellé-collé en hêtre.
Des bouchons en liège, des contrebasses, des barriques, du bois-énergie et du carton ondulé.
Ce récit sensible trace son chemin par-delà les procédés industriels et les pratiques de la sylviculture en interrogeant notre rapport intime à l'arbre et à nos espaces forestiers. De la région du Grand-Est aux Landes de Gascogne en passant par la forêt de Bercé, le Morvan et la Sologne, nous parcourons des massifs dont les essences, arrivées là nullement par hasard, servent à l'industrie du bois.
Ici, des savoir-faire vertueux s'opposent à des logiques du tout-jetable.
Cet essai libre et multiforme, à la fois érudit, poétique et illustré - agrémenté de cartes géographiques réelles ou imaginaires, de croquis aquarellés et de photographies de compositions végétales -, nous invite à nous saisir d'un matériau modeste et populaire, à voir en lui l'arbre qu'il a été, et puis à faire un peu de science, un peu d'histoire, pas mal d'écologie et quelques pas de côté. -
être forêts ; habiter des territoires en lutte
Jean-Baptiste Vidalou
- Zones
- 26 Octobre 2017
- 9782355221187
Du bois du Tronçay à celui de Sivens, de Notre-Dame-des-Landes aux Cévennes, au Mexique ou au Canada, les expériences d'habitat en milieu forestier se multiplient. Les auteurs de ce livre sont allés à la rencontre de ces forêts et de celles et ceux qui les défendent. Ils y ont découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables : toute une géographie depuis laquelle il était enfin possible de respirer.
Depuis une dizaine d'années, que ce soit dans les bois de Sivens, à Notre-Dame-des-Landes, à Bure ou dans les Cévennes, il est évident qu'il se passe quelque chose du côté de la forêt. Certains ont commencé à habiter ces espaces, avec la détermination de sortir du monde mortifère de l'économie. Un tout autre rapport au monde s'y bâtit, à l'opposé de cette science militaire qu'est l'aménagement du territoire - ici contre un barrage, là contre un aéroport, ou une extraction de biomasse.
Ce n'est pas qu'une affaire locale : les paysans du Guerrero au Mexique se battent depuis plus de dix ans pour libérer leurs forêts des exploitants, les trappeurs du peuple cri du Canada défendent la forêt boréale de Broadback contre la déforestation, les Penan de Bornéo s'arment de sarbacanes contre les compagnies de plantation de palmiers à huile... Partout des luttes résonnent de cette même idée : la forêt n'est pas une réserve de biosphère ou un puits de carbone.
La forêt, c'est un peuple qui s'insurge. Nous sommes allés à la rencontre de ces forêts et de celles et ceux qui les défendent. Nous y avons découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables. Toute une géographie depuis laquelle il était possible, enfin, de respirer. -
Notre vie chez les riches : mémoires d'un couple de sociologues
Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon
- Zones
- 26 Août 2021
- 9782355221835
Le célèbre couple de sociologues de la bourgeoisie livre son autobiographie, des mémoires qui retracent près de six décennies d'une vie studieuse, amoureuse et engagée. L'un issu d'une famille ouvrière des Ardennes, l'autre fille d'un notable de Lozère, ils se rencontrent en 1965 à la bibliothèque de la faculté de Lille. Ils ne se quitteront plus. Études de sociologie, mariage précipité, séjour en coopération dans le Sahara marocain, rencontre avec Pierre Bourdieu, entrée au CNRS et puis, à la fin des années 1980, décision de prendre les nantis comme objet d'investigation, avec un premier livre écrit à quatre mains,
Dans les beaux quartiers.
On les suit dans leur découverte de cet autre monde social, du Jockey Club aux chasses à courre, en passant par l'Automobile Club de France et ses réceptions au champagne. On accède ainsi aux coulisses d'une recherche qui suppose souvent de déployer des trésors d'ingéniosité pour accéder aux enceintes feutrées de l'entre-soi où se côtoient les grandes familles.
Ce récit agrémenté de nombreuses anecdotes peut se lire tout autant comme une introduction à leurs travaux que comme la traversée d'une époque par un duo singulier, témoin bicéphale des mutations de la société française et de ses élites sur un demi-siècle. -
Non c'est non ; petit manuel d'autodéfense à l'usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire
Irene Zeilinger
- Zones
- 31 Mai 2018
- 9782355221293
Ce petit guide pratique vise à donner aux femmes, avec humour et pédagogie,et indépendamment de leur âge ou de leur condition physique, les moyens de se sentir plus fortes, plus sûres d'elles-mêmes et plus aptes se protéger.
En tant que femmes nous sommes tous les jours les cibles d'interpellations, de harcèlement, d'agressions verbales, physiques ou sexuelles plus ou moins graves, plus ou moins violentes, à degrés divers, au travail, dans l'espace public et privé. Souvent nous ne savons comment réagir, comment dire non, et comment faire comprendre que, lorsque nous disons non, c'est non. L'autodéfense pour femmes - qui n'a rien à voir avec du kung-fu -, ce sont tous les petits et grands moyens de se sentir fortes, plus sûres de soi et plus aptes à se protéger et à se défendre dans touts les situations de la vie quotidienne, que ce soit au niveau mental, émotionnel, verbal ou, en dernier recours, physique. Comment reconnaître et prévenir une situation d'agression ? Comment réagir efficacement, savoir se protéger et éviter la violence ? Ce guide pratique propose une séire d'astuces simples et faciles pour poser efficacement ses limites et se sortir de situations difficiles : identifier le type d'agression et la psychologie de l'agresseur, utiliser et gérer ses émotions, prévenir la violence par la défense verbale et la désescalade du conflit, mobiliser des tactiques de diversion et de fuite, faire jouer la solidarité, savoir où frapper pour faire mal... Contre tous les stéréotypes qui interdisent habituellement aux femmes de prendre leur sécurité en main, il faut apprendre à dire non et oser se défendre. -
James Baldwin a écrit cette pièce en 1964 en réaction à l'assassinat de son ami Medgar Evers, militant des droits civiques, abattu devant son domicile du Mississippi le 12 juin 1963 par un suprémaciste blanc.
L'accumulation des meurtres racistes aux États-Unis (dont celui de quatre jeunes filles noires dans un attentat à la bombe contre une église baptiste de Birmingham, Alabama, le 15 septembre 1963) constitue l'arrière-plan de ce cri de révolte scénique. La quasi-impunité qui suit ces actes sera l'élément déclencheur de ce travail.
C'est aussi le meurtre atroce en 1955 de l'adolescent Emmett Till qu'il décide d'évoquer : " Dans ma pièce, écrit-il, il est question d'un jeune homme qui est mort ; tout, en fait, tourne autour de ce mort. Toute l'action de la pièce s'articule autour de la volonté de découvrir comment cette mort est survenue et qui, véritablement, à part l'homme qui a physiquement commis l'acte, est responsable de sa mort. L'action de la pièce implique l'effroyable découverte que personne n'est innocent [...]. Tous y ont participé, comme nous tous y participons. " -
Notre monde est logistique. La pléthore d'acteurs qui consacrent leur énergie à acheminer les biens consommés de par le globe en témoigne : la circulation des marchandises est devenue un moteur essentiel du capitalisme mondialisé. Les pays les plus riches se constellent d'entrepôts qui prennent la place des usines abandonnées ; les pays les plus pauvres, eux, assurent la fabrication et le traitement des biens qui sillonnent la planète pour être achetés, consommés, mis au rebut.
Si c'est le monde industriel et marchand qui a donné à la rationalité logistique sa forme la plus aboutie, celle-ci s'étend aujourd'hui à l'ensemble de nos activités. Des politiques migratoires aux pratiques culturelles, de la conservation de l'environnement aux relations humaines, il n'existe plus guère de domaines de la vie qui ne soient soumis à la gestion des flux, ce principe fondamental d'intendance.
Il est grand temps de se demander comment le royaume logistique régit nos existences ; de montrer combien les conséquences de ses manquements sont dramatiques pour le vivant ; de raconter les multiples luttes qui lui font face. Et surtout, comme s'y emploie ce livre, il est urgent d'inventer d'autres imaginaires de la circulation et du transport, d'autres sujets collectifs pour un monde dans lequel les circulations ne seraient pas un instrument mortifère au service de la valeur marchande. -
Sur un mode subjectif et partisan, dans la veine d'un Lester Bangs, le récit de l'aventure punk rock née il y a près de 25 ans du cri de colère et de ralliement lancé par une poignée de jeunes féministes nord-américaine underground : " Revolution, Grrrl Style, Now ! " Le mouvement des riot grrrls -les " émeutières " - était né. Des groupes de femmes, dont le légendaire Bikini Kill, partaient à l'assaut, bien décidées à rendre " le punk plus féministe, et le féminisme plus punk ". Au début des années 1990, de jeunes féministes nord-américaines lançaient du fond de leurs tripes un cri de colère et de ralliement dans le milieu punk underground : " Revolution, Grrrl Style, Now ! " La culture riot grrrl - littéralement, les " émeutières " - était en train de naître. Des groupes comme Bikini Kill ou Bratmobile partaient à l'assaut de la production musicale, décidés à rendre " le punk plus féministe et le féminisme plus punk ".
Leur offensive fut une secousse incroyablement positive pour toute une génération assommée par la culture mainstream. Car les riot grrrls ont été bien davantage qu'un simple courant musical : appliquant les principes du Do-It-Yourself, elles ont construit une véritable culture alternative, dont la force de frappe tient en une " proposition " que suivront des milliers de jeunes femmes : celle d'oser devenir qui elles sont et de résister corps et âme à la mort psychique dans une société capitaliste et patriarcale.
Manon Labry retrace l'histoire de cette révolution politique et culturelle. Elle déploie une écriture punk bien frappée qui entremêle paroles de chansons, témoignages, réflexions personnelles, extraits de fanzines et illustrations pour faire la chronique d'une génération. -
Au-delà des théories classiques dont il retrace l'histoire de façon érudite, cet essai novateur propose une philosophie politique de l'architecture, conçue comme un art de la construction des possibles. Là où Michel Foucault étudiait l'architecture en tant que technologie de pouvoir, Ludger Schwarte tente à l'inverse de cerner son rôle dans les mouvements d'émancipation.
Au-delà des théories classiques dont il retrace l'histoire en remontant à Platon ou à Vitruve, cet essai novateur propose une philosophie politique -; et non pas simplement esthétique ou symbolique -; de l'architecture.
Partant du constat que la Révolution française s'est déroulée dans des rues et sur des places qui avaient été construites moins d'un siècle auparavant, et que les masses révolutionnaires n'auraient pas pu se rassembler si ces nouveaux espaces publics n'avaient pas existé, il s'interroge sur les conditions architecturales de la démocratie : quels types d'espaces rendent possibles ou impossibles certains types d'actes ou d'événements ? Où l'on apprend que le cours de l'histoire dépend de la construction de l'espace...
Là où Michel Foucault avait étudié l'architecture en tant que technologie de pouvoir, Ludger Schwarte tente de cerner son rôle dans les mouvements d'émancipation. Si l'on conçoit les espaces publics comme des théâtres de l'action collective, alors la question est de savoir si leur configuration permet des interactions événementielles, des expérimentations créatrices. En ce sens, tout espace public authentique est fondamentalement anarchique. -
Le 23 novembre 1932, quelques semaines avant l'accession de Hitler au pouvoir, le philosophe Carl Schmitt prononce un discours devant le patronat allemand. Sur fond de crise économique, son titre annonce le programme : " État fort et économie saine ".
Mobilisant des " moyens de puissance inouïs ", le nouvel État fort, promet-il, ne tolérera plus l'" émergence en son sein de forces subversives ". Ce pouvoir autoritaire musèlera les revendications sociales et verticalisera la présidence en arguant d'un " état d'urgence économique ".
Lorsqu'il lit ce texte de Schmitt, son adversaire de toujours, le juriste antifasciste Hermann Heller, ne saisit que trop bien de quoi il s'agit. Peu avant de prendre le chemin de l'exil (il mourra en Espagne l'année suivante), il laisse un court article qui compte parmi les plus clairvoyants de la période. Nous assistons là, analyse-t-il, à l'invention d'une nouvelle catégorie, un " libéralisme autoritaire ".
Ce recueil rassemble ces deux textes majeurs de la pensée politique, encore inédits en français, assortis d'une présentation qui éclaire les rapports méconnus entre Schmitt et les pères fondateurs du néolibéralisme. -
Libérée, la sexualité des femmes d'aujourd'hui ? On serait tenté de croire que oui. Pourtant, plus de 50 % d'entre elles se disent insatisfaites, que ce soit à cause d'un manque de désir ou de difficultés à atteindre l'orgasme. Si tant de femmes ordinaires sont concernées, peut-être qu'elles n'ont rien d'anormal et que ce n'est pas à la pharmacie qu'il faut aller chercher la solution. Le remède dont elles ont besoin est plus certainement culturel, et passe par une réorientation de notre approche androcentrée du sexe et du plaisir.
Tour à tour reportage, essai et recueil de réflexions à la première personne, cet ouvrage enquête sur les dernières découvertes scientifiques ayant trait à l'orgasme féminin. On y apprend ainsi qu'une chercheuse en psychologie clinique a recours à la méditation de pleine conscience pour traiter les troubles à caractère sexuel. On y découvre aussi diverses façons dont les femmes choisissent de redéfinir leur sexualité. Cette aventure aux confins de la jouissance nous emmène jusqu'au festival Burning Man, où l'orgasme féminin est donné à voir sur scène, ou encore dans le cabinet feutré d'une thérapeute qui propose de soigner les traumatismes liés au viol à l'aide de massages sensuels. -
Il était une fois sur cent : rêveries fragmentaires sur l'emprise statistique
Yves Pagès
- Zones
- 6 Mai 2021
- 9782355221712
Des années durant, l'écrivain Yves Pagès a glané toutes sortes de statistiques, notant dans un carnet des centaines de pourcentages. De ce vertigineux inventaire, il a fait un livre étrange qui, entre jeu littéraire à la Raymond Queneau et réflexions philosophiques à la Theodor Adorno, reconstitue par fragments le tableau d'une société infestée par une vision comptable du monde. Difficile de rompre la glace du monstre statistique, d'échapper à ses ordres de grandeur qui prétendent tout recenser de nos faits et gestes, quantifier nos opinions, mettre en coupe réglée nos vies matérielles. Sous emprise comptable, chacun se sent casé d'office, sondé de bas en haut, pris au piège. Mais alors, comment nous soustraire au grand dénombrement ? Sans prétention d'exhaustivité, l'auteur se propose de passer ces données brutes au tamis de rêveries interprétatives, pour traquer leurs failles implicites ou les confronter à d'autres cas de figure.
À la logique de la quantification de toutes choses, il oppose, par collage, accumulation et divagation, une poétique de l'absurde.
Par-delà cet art du détournement stylistique, il nous livre en pointillé une analyse caustique de la condition des vivants à l'ère de la gouvernance par les nombres, agrémentée de quelques suggestions paradoxales pour passer entre les mailles du filet statistique.