Un livre sur le roman soviétique, maintenant ? Précisément maintenant : comme le disait Romain Rolland pendant la Grande Guerre, ce n'est pas parce que les Allemands l'ont voulue que nous allons renier Goethe.
Qui plus est, quantité des écrivains que Dominique Fernandez, un des plus grands connaisseurs de la littérature russe (Dictionnaire amoureux de la Russie, Plon, 2004, Avec Tolstoï, Grasset, 2010), nous présente ici, ont été d'opposition à Staline, ou ont tourné la censure par le roman historique ou le roman de science-fiction.
Avec la chute de l'URSS, tout un pan de la littérature occidentale a été injustement effacé. Dominique Fernandez fait revivre pour nous les oeuvres et la vie des grands de la période (entre la Révolution et Khrouchtchev), de Gorki à Pasternak, en passant par Ehrenbourg, Babel, Paoustovski, Aïtmatov ou Alexeï Tolstoï.
Il nous rappelle aussi l'admirable moment littéraire qu'a engendré l'après-Révolution. S'opposant à une idée trop facilement reçue, il exhume du mépris où ils ont été plongés de grands auteurs du « réalisme socialiste ». La dictature a, par contrecoup, fait naître une fiction satirique que nous découvrons ici, comme les savoureux Olecha, Zochtchenko ou Ilf et Pétrov. Loin de réduire la littérature au silence, la tyrannie expie ses fautes par un des plus grands livres par lequel Dominique Fernandez achève le sien, Vie et Destin de Vassili Grossman.
Un livre de justice, un livre de savoir, un livre, aussi, de saveur.
Nul mieux que Dominique Fernandez ne pouvait cerner toute la complexité d'une personnalité comme Henri Beyle. Un homme qui avait prévu pour sa tombe l'épitaphe suivante : Henri Beyle, milanais. Il vécut, écrivit, aima. Cette âme adorait Cimarosa, Mozart et Shakespeare. Son Dictionnaire est une longue déclaration d'amour.
Pourquoi Stendhal a-t-il abandonné Lucien Leuwen alors qu'il restait si peu à faire pour l'amener à sa forme définitive ? Pourquoi, chez cet auteur, le travail de la mémoire prend-il le pas sur l'imagination ? Pourquoi écrit-il La Chartreuse de Parme en cinquante-deux jours alors qu'il laisse inachevé Lamiel après deux ans et demi d'ébauche ? Pourquoi Le Rouge et le Noir n'eut-il aucun succès ? Pourquoi l'art de séduire lui fut-il étranger ? Pourquoi, dans ses romans, s'interdit-il d'expliquer, de juger, de commenter alors que dans la vie courante il ne cachait pas son mépris pour la sottise ambiante ? Comment, en exil consulaire à Civitavecchia, conçut-il ses fameuses Chroniques italiennes ? Pourquoi Stendhal, en rejetant sa ville natale, Grenoble, rejetait-il bel et bien l'état d'esprit de tout un peuple, les Français ? Autant d'interrogations, autant d'analyses auxquelles Dominique Fernandez, en fervent stendhalien, en observateur subtil, répond avec clairvoyance et délicatesse.Critique, romancier, éternel voyageur, Dominique Fernandez a publié notamment Porporino ou les Mystères de Naples (Grasset, Prix Médicis 1974), Dans la main de l'ange (Grasset, Prix Goncourt 1982), La Perle et le Croissant (Plon, 1998), Dictionnaire amoureux de la Russie (Plon, 2004), Dictionnaire amoureux de l'Italie (Plon, 2008).
Un roman subtil sur la décomposition d'un couple dans Paris confiné
Bernard est libraire dans le neuvième arrondissement de Paris. Marié depuis quinze ans à Corinne, directrice d'une agence de voyages qui se rêvait autrefois pianiste, il trouve dans son couple l'harmonie d'une vie paisible. Jusqu'à ce mois de mars 2020 qui les oblige à se calfeutrer avec leurs deux enfants, Cédric et Laure, dans leur appartement situé au-dessus du magasin de Bernard.
Entre inquiétude et ennui, l'heure de la promenade devient vite le rendez-vous le plus important de la journée. Bernard en profite pour aller avec son fils jusqu'aux limites de son quartier, explorer la Nouvelle-Athènes à la recherche des innombrables célébrités littéraires et artistiques qui l'ont habitée. De Bizet à Zola, de Berlioz à Tourgueniev, de Van Gogh à Claude Nougaro, c'est un quartier méconnu qui s'offre aux protagonistes dans le silence des rues parisiennes. Tandis que lui se promène, Corinne, dont les sorties se bornent à faire les courses et à observer les nouvelles règles du commerce, supporte de moins en moins bien la solitude et la privation de tout rapport social...
Avec délicatesse, Dominique Fernandez interroge la nature des sentiments de deux êtres surpris dans leurs habitudes et confrontés de manière inattendue aux confins de leur amour.
Rome, 1600. Un jeune peintre inconnu débarque dans la capitale et, en quelques tableaux d'une puissance et d'un érotisme jamais vus, révolutionne la peinture. Réalisme, cruauté, clair-obscur, il bouscule trois cents ans de tradition artistique. Les cardinaux le protègent, les princes le courtisent, il est devenu, sous le pseudonyme de Caravage, le peintre officiel de l'Eglise. Mais voilà : c'est un marginal né, un violent, un asocial, l'idée même de " faire carrière " lui répugne. Au mépris des lois, il aime à la passion les garçons, et surtout les mauvais garçons, les voyous. Il aime se bagarrer, aussi habile à l'épée que virtuose du pinceau. Condamné à mort pour avoir tué un homme, il s'enfuit, erre entre Naples, la Sicile et Malte, provoque de nouveaux scandales, et pour finir, à trente-huit ans, meurt sur une plage au nord de Rome. Assassiné ? Sans doute. Par qui ? On ne sait. Pourquoi ? Tout est mystérieux dans cette vie et dans cette mort, faute de documents.
Il fallait un romancier pour ressusciter, outre cette époque fabuleuse de la Rome baroque, un tempérament hors normes sur lequel on ne sait rien de sûr, sauf qu'il a été un génie absolu, un des plus grands peintres de tous les temps.
Picasso ? Le minotaure génial, séducteur, ombrageux, aux révoltes successives, épuisant ses conquêtes : Fernande, Olga, Marie-Thérèse, Dora... Tant de prénoms, tant de visages. Et puis, à soixante-douze ans, voici le grand peintre quitté par Françoise. François Gilot, resplendissante et vive, lui écrit cruellement : « Il est temps que je vive pour moi-même. A ton âge, je n'ai plus d'autre rôle à jouer que celui de maman ou d'infirmière, et je n'ai pas ce tempérament... »
Le grand homme terrassé se réfugie à Perpignan chez ses amis Paul et Aimée -à l'abri dans cette grand demeure où on le choit, l'observe, le redoute... Il y a là une petite société attachante, ironique, presque théâtrale : Aimée, qui raconte ; Totote, son amie ; l'oncle Alphonse, critique d'art ; mais aussi Paulo, un des enfants de Picasso ; Javier, le gitan. Et la mystérieuse jeune fille qui semble hésiter entre plusieurs rôles.
C'est ainsi que Dominique Fernandez, qui est un habitué de cette ville, nous conte un épisode méconnu de la vie du peintre. Des semaines d'abandon, sans pinceaux, sans toile, sans allant. Des nuits et des jours où l'on suit l'artiste démuni, affaibli, n'ayant pour patrimoine qu'un énigmatique coffre de bois. Des semaines à attendre l'éveil. On parle politique, peinture, amours, on assiste à la mise à mort dans les arènes de Céret, on marche sous le soleil blanc de la Méditerranée, on évoque les amis disparus, Eluard, Matisse, les grands génies, Prokofiev, les histoires anciennes, Staline et le parti...
Et un jour, le peintre demande des couleurs, du noir, du bleu !, et se met au travail. Puissance créatrice ? Charmes de Perpignan ? Rencontre avec la jeune Jacqueline ?
C'est un roman ; où tout est vrai ; et où tout finit en peinture - il se trouve au musée Picasso de Paris un tableau sombre et inouï, le fruit de ce séjour dans les limbes, dont le grand homme ne cesse pas de revenir.
Un parcours inoubliable au cœur de Naples par son meilleur connaisseur
Depuis soixante-dix ans que Dominique Fernandez parcourt Naples, la ville rayonne d'une splendeur intacte. Instable, volcanique, exaspérante et pourtant follement attachante, que serait
la cité sans ses discordances ? De ses déveines, elle tire un sang plus riche que celui que dispensent la prospérité et le bien-être.
Dans ce texte passionné, Dominique Fernandez nous plonge au cœur du quotidien des Napolitains, qui semblent ne vivre pleinement que dans l'agitation extérieure, au milieu des ruelles inextricables. L'auteur peint le portrait fascinant des scugnizzi, ces garçons des rues qui résument sans doute à eux seuls l'âme des quartiers et qui ont inspiré tant d'écrivains et d'artistes ; il nous emmène découvrir les innombrables églises, palais, musées et trésors archéologiques, comme Paestum ou Oplonto. Et tandis que rien n'échappe à son œil curieux, il partage volontiers ses secrets d'initié en livrant les trésors abrités derrière les pierres, éparpillés dans la ville par Gemito, Caravage ou encore Luca Giordano. Et n'oublie rien des Champs Phlégréens ou des îles comme Capri.
Après plusieurs ouvrages consacrés à la Russie (Dictionnaire amoureux de la Russie, Saint-Pétersbourg, L'Âme russe, Avec Tolstoï...), Dominique Fernandez reprend ici ses riches questionnements sur ce peuple et ce pays qui le fascinent. Il médite sur les espaces infinis où les Russes se perdent, s'identifiant aux plaines et aux fleuves qu'ils regardent, ne plaçant aucune frontière entre eux et la nature. Il interroge les arts : la littérature d'abord, avec Pouchkine, Gogol, Tchékhov, Tolstoï, en démontrant combien ces auteurs ne proposent pas seulement de grands textes mais surtout des livres de vie ; le cinéma, avec Tarkovski, qui donnait comme personne au spectateur l'impression d'être lui-même l'auteur de ce qu'il voyait à l'écran ; la musique, à travers les grandes figures de Tchaïkovski, Prokofiev ou Chostakovitch ; la danse, avec Nijinski ou Diaghilev opérant, en compagnie de Stravinski, un bouleversement de toutes les habitudes mentales. Au hasard des Russies de Fernandez, on croise aussi le peintre Steinberg et sa solitude brillant comme une lumière au milieu de la nuit, le prince Dimitri Koutouchef, héros de Flèche d'Orient, roman de Paul Morand, qui ne résiste pas à l'attraction d'un " bon poêle chaud ", des odeurs, des visages, des musiques de son pays où il va rentrer au péril de sa vie et de sa liberté. On rencontre aussi le jeune frère Boris du monastère de Valaam, confiant à l'auteur un cierge en lui demandant de l'allumer sur la tombe de l'écrivain Ivan Bounine en France, geste de fraternité d'un compatriote voulant transmettre à celui qui était mort en exil, un peu de russitude perdue. Un voyage au cœur des Russies de Dominique Fernandez, à la suite d'un des meilleurs (et plus enthousiastes) connaisseur dont on puisse rêver.
Christ ou démon ? Saint ou bandit ? Un homme. Un homme seul contre tous, l'opposant par excellence, le rebelle absolu. De l'ère fasciste au temps des Brigades Rouges, c'est l'Italie contemporaine qui sert de cadre, de ferment, de nourriture à ce roman d'une vie. Il fallait ce pays traversé par la dictature, la guerre, la résistance, puis les luttes partisanes, les scandales sans nombre, la violence du terrorisme, pour que prenne forme l'itinéraire de Pier Paolo, éternel marginal en dépit de sa célébrité, héros double comme son prénom qui évoque à la fois un fondateur d'Eglise et un aventurier de l'esprit. D'une enfance idyllique auprès de cette mère chérie qui ne le quittera jamais, jusqu'à l'assassinat mystérieux sur une plage près de Rome, on le suivra dans chacune des étapes que l'ange du destin lui a fixées. Après les douceurs de l'adolescence et la simplicité païenne des premières passions, les procès, la haine, le mépris qui feront de lui un paria. Malgré la force et le succès des oeuvres, malgré l'argent et la gloire rapportés par les livres et les films, une soif d'amour inapaisée, jointe à un sentiment profond de culpabilité qui provoquera la tragédie. Si la plupart des événements, des lieux, des dates correspondent à la réalité, si parmi les personnages qui traversent ce récit plusieurs nous sont familiers, qu'ils s'appellent Toscanini, Moravia, Fellini ou Maria Callas, il ne faut pas chercher ici une biographie du légendaire P.P.P. toujours muet sur lui-même dans ses écrits, à jamais silencieux sur ses secrets. Il s'agit plutôt de la possession d'un créateur par un autre, tel que l'imaginaire seul peut le permettre. Comme dans Porporino, Dominique Fernandez se glisse à l'intérieur d'un être authentique, et recrée à travers lui toute la vérité d'un homme et d'une époque. Ce qui n'empêche pas ce portrait d'être en même temps une manière de confidence romanesque. Chateaubriand l'a dit avant nous : « On ne peint bien que son propre coeur, en l'attribuant à un autre. »
Un narrateur contemporain déniche chez un antiquaire un livre rare du xvie siècle : les Mémoires du peintre florentin Bronzino.
Les enfances de l'artiste auprès de son maître Pontormo, les leçons de vie que lui prodigue ensuite ce casse-cou de Benvenuto Cellini, la manière dont Bronzino devient peintre officiel des Médicis tout en s'affranchissant habilement des contraintes : à travers la vie trépidante d'une génération de génies entravés, pourchassés, menacés de mort pour leurs pensées hérétiques ou leurs amours interdites, Dominique Fernandez peint à fresque une époque de violences où la férule des Médicis et les dogmes catholiques imposent aux créateurs un carcan qui les contraint à crypter, chiffrer, coder et contrefaire. Le lecteur est introduit dans cette « Société du mystère » qui contourne la censure et atteint au sublime par la transgression : l'envers de la Renaissance à Florence telle que le vernis officiel nous en a légué l'histoire.
Au confluent de deux grandes passions de Dominique Fernandez, l'Italie et la peinture, cette autobiographie fictive, véritable roman de cape, d'épée et de pinceau, se situe dans la lignée de Porporino ou les mystères de Naples (Grasset, 1974, prix Médicis), de Dans la main de l'ange (Grasset, 1982, prix Goncourt) et de La course à l'abîme (Grasset, 2003).
Voici le deuxième volet du diptyque L'homme de trop dont le premier opus a été publié en mars 2021.
L'auteur poursuit l'exploration de la question gay aujourd'hui, aussi bien dans ses aspects extrêmes et périlleux que dans sa progressive normalisation. On suit les péripéties et les polémiques suscitées par le mariage pour tous, à travers deux des principaux personnages du premier tome, Gaël et Morgan. On assiste à leur mariage, aux réactions qu'il provoque, en particulier chez un gay de la génération précédente, Lucas. Celui-ci est partagé entre le bonheur de constater le considérable progrès des moeurs, et le regret et la mélancolie de voir comment les gays, autrefois force vive de contestation dans la société, s'embourgeoisent peu à peu dans le confort que procure la liberté.
Porporino, le narrateur, élève à l'école des castrats napolitains sous le règne du roi Ferdinand, dans les années 1770, est un personnage inventé mais la plupart des héros qui traversent ses mémoires ont réellement existé : le prince de Sansevero, esprit universel aux frontières du génie et de la démence, Antonio Perocades, franc-maçon rationaliste, la belle Sarah Goudhar et lady Hamilton, aventurières comme seuls en ont produit les anciens régimes, le jeune Mozart, le vieux Casanova et l'illustre Farinelli, plus célèbre en son temps que La Callas au nôtre. On découvrira du même coup, prodigieusement ressuscitée de l'oubli, ce que fut la Naples de ce temps-là, vaste cité aux édifices somptueux, capitale de l'architecture et des arts, rendez-vous de l'Europe éclairée au même titre que Paris, métropole de l'opéra, et Castrapolis unique au monde.
Car cette institution des castrats, on le comprendra peu à peu, en suivant les aventures du mémorialiste et de son camarade Feliciano, beauté ravageuse, n'était pas le fruit des seuls caprices d'une aristocratie décadente. Il faut y retrouver, sublimées dans un art du chant malheureusement disparu, certaines des aspirations fondamentales de l'humanité. L'esprit des castrats était un esprit de liberté absolue, un défi à tout ce qui limite, une façon travestie de renouveler les mythes orphiques de la création en échappant à l'obligation d'être un homme.
Après des essais, comme Mère Méditerranée ou l'Arbre jusqu'aux racines, qui ont fait date dans l'histoire littéraire de ces dernières années, Dominique Fernandez nous donne ici le grand roman qu'on attendait de lui, à la fois éblouissante résurrection d'un passé et méditation sur l'époque contemporaine. Un livre foisonnant de personnages et d'idées, quotidien et singulier à chaque page, mouvementé, divers, lyrique, audacieux, un peu fou, merveilleux palais baroque dont les portes ornées semblent soudain s'ouvrir sur les mystères de l'aujourd'hui.
Ce roman est le premier volume du diptyque « L'homme de trop », sous-titré L'arc-en ciel interdit.
Cette somme romanesque peut se lire comme le pendant du célèbre roman L'étoile rose (Grasset, 1978, réédité en 2012 en CR) puisqu'elle interroge la question gay aujourd'hui, après l'adoption du mariage pour tous.
Lucas Fabert est un photographe de 64 ans. Dans sa jeunesse, il se sentait un paria ; aujourd'hui, il constate, avec des sentiments mêlés, l'insouciance des jeunes homos complètement libérés, complètement intégrés. S'il se réjouit du progrès des moeurs qui leur a apporté le bonheur, il se demande s'ils n'ont pas perdu la force de contestation qui était autrefois la contrepartie glorieuse de leur angoissante marginalité : en un mot, s'ils ne se sont pas embourgeoisés. Jadis "homme de trop" parce qu'il faisait partie de la minorité exclue, il reste "homme de trop" par son refus d'abolir ce qui faisait sa différence, de se banaliser, de se fondre dans le conformisme ambiant.
Dans ce premier tome, Lucas se confie à ses jeunes amis oublieux du passé et ne comprenant pas ses réticences à l'idée que le droit à la différence se soit transmué en devoir de ressemblance. Il leur raconte ce que furent son adolescence, son éducation sentimentale et les épisodes marquants de sa vie jusqu'à la libération des moeurs des années 70. Dans le second volume, sous-titré "La liberté trahie" (à paraître en mars 2022), il évoquera les péripéties de la campagne pour le mariage pour tous et s'interrogera sur les conséquences de la victoire remportée.
Une comédie humaine qui nous fait traverser un demi-siècle d'histoire de France à la boussole de l'homosexualité, une histoire des moeurs romancée qui déborde de personnages et regorge d'événements.
Un ouvrage savoureux qui permet de redécouvrir la ville au passé exceptionnel qu'est Florence
Depuis plus de cinquante ans, Dominique Fernandez parcourt avec passion chaque recoin de l'Italie. Dans ce texte riche et animé, il raconte ses parcours florentins, ses découvertes, ses émotions et les lieux incontournables. Alors que le nom seul de Florence éveille la nostalgie d'une époque où sur quelques kilomètres carrés se sont trouvés réunis tant d'hommes exceptionnels, la " cité du lis " est encore aujourd'hui si vivante.
En trois siècles éblouissants, toute la modernité est née. Les plus grands bâtisseurs, les plus grands peintres, les plus grands sculpteurs, la perspective, la coupole, le théâtre à forme ovale, les premiers opéras, les lois de la pesanteur, le télescope, la banque. C'est le lieu du monde où la beauté du corps humain a été reconnue pour la première fois depuis l'Antiquité, adulée jusqu'à la vénération, immortalisée sous les deux espèces du
David de Michel-Ange et de la
Vénus de Botticelli.
Dominique Fernandez fait un portrait savoureux de la prise de pouvoir et du règne des Médicis, décrit les figures de Dante, Machiavel ou Savonarole, parcourt les lieux phares comme Santa Croce ou Santa Maria Novella, visite le Dôme de Brunelleschi, les créations de Michel-Ange, les singularités des étonnants et trop méconnus peintres maniéristes... C'est avec bonheur que le lecteur se joint à lui sur les traces de la glorieuse histoire de Florence.
« De loin, à 400 m d'altitude, miroitant sous la lune ou étincelant au soleil, j'aperçois comme un drap blanc étendu sur le flanc d'une colline. Ce drap blanc, qui occupe plusieurs hectares, coïncide avec l'emplacement du village détruit. Ce n'est pas un drap, mais une couche de ciment chaulé d'un mètre cinquante de hauteur ; des couloirs percés dans cette masse reproduisent le tracé des rues anciennes... »
Dès la première page, nous voici en Sicile avec le grand romancier et essayiste Dominique Fernandez. Fou d'Italie depuis toujours, passionné de la langue italienne, ami de Moravia et de Pasolini, traducteur de Goldoni et Sandro Penna, il nous conduit dans son Italie, éternelle, actuelle, selon ses passions, son désir. Ce n'est pas de l'égoïsme, mais une passion incessante. Nous traversons Naples, Rome, l'Ombrie, Bologne, Florence et Venise...
D'une mosaïque méconnue à une tonnara en ruine, d'un vers énigmatique au plus beau tableau de Rome, de la transparence du marbre au mystère de la chapelle Saint Luc, c'est une promenade buissonnière. Fernandez raconte, déploie, cherche, ironise, se passionne. Rien ne lui échappe et tout s'éveille ici, avec plaisir, sensualité, à hauteur de l'amour porté. On apprend, on s'épate de ce beau savoir, joyeux et tendre.
Disparate et nonchalant, ce dictionnaire amoureux prend immédiatement la forme d'une flânerie savante et voluptueuse. Mélange d'érudition et de lyrisme mis au service du lecteur qui en sortira ébloui souvent, complice toujours. Des entrées, de longueur différente, proposent l'essentiel sur les cités, les artistes, les moeurs, les films et des monuments souvent exclus des circuits touristiques. Ce vagabondage est tout simplement délectable.
Il y a tout juste dix ans, Dominique Fernandez décida de rassembler la somme de ses nombreux écrits sur l'Italie. Cet imposant volume était logiquement conçu de manière abécédaire. Le titre général retenu par son auteur était tout à la fois évident et banal : Le Voyage d'Italie.Nous nous permettons d'écrire " banal " car, depuis Goethe, le nombre d'auteurs ayant publié un Voyage d'Italie est impressionnant.C'est donc fort judicieusement que Dominique Fernandez explicita sa démarche anthologique par un sous-titre qui vaut toutes les déclarations : Dictionnaire amoureux.Il n'est que justice que la collection dont il est l'inspirateur involontaire reprenne, augmenté de près de 200 pages, son Voyage d'Italie, le transformant en Dictionnaire amoureux,édition que nous pouvons désormais considérer comme définitive.
Depuis plus d'un demi-siècle, Dominique Fernandez a tissé un lien intime avec Rome, une complicité qu'il souhaite partager ici. Dans ce texte alerte et foisonnant, il nous raconte les hauts lieux du monde antique, comme le Forum romain, la via Appia ou le Colisée ; évoque les figures puissantes et d'un raffinement extrême que furent Néron et Hadrien ; ouvre les palais de la Renaissance et les villas entourées de leurs jardins ; dégage l'essence de l'art baroque en contemplant l'architecture imaginative et la décoration théâtrale des églises ; découvre les beautés surprenantes du Vatican ; débusque les chefs-d'oeuvre de Caravage et de Bernin ; flâne sur les collines qui surplombent la ville, ou le long du Tibre, fleuve sauvage qui la traverse. Ce riche portrait de la cité est animé par les souvenirs de nombreux personnages rencontrés au détour des palais ou des cafés. Surgissent ainsi les figures de Pasolini, Moravia, Morante, Fellini, Levi, Bassani et tant d'artistes de cet âge d'or de la création italienne que Dominique Fernandez a connus personnellement. Ce parcours révèle bien des aspects secrets de la Ville éternelle, et c'est avec bonheur que le lecteur place ses pas dans ceux d'un inlassable et passionné " piéton de Rome ". Photographies du cahier central par Ferrante Ferranti " ROMA est l'inverse exact d'AMOR. Rome est à la fois un lieu où l'on aime et un objet d'amour. Personne ne peut ne pas aimer Rome. "
L'ouvrage d'un piéton aussi amoureux que connaisseur de Venise
Loin de l'image d'une ville-musée à la confluence des arts, Venise vibre de toute la gaieté italienne. Une douceur, un plaisir de vivre qui jaillissent des tableaux de Giambattista Tiepolo, de la musique de Vivaldi, du théâtre de Carlo Goldoni, des aventures de Casanova.
Une dévotion aux sens à laquelle s'ajoute un esprit profondément républicain, ouvert au monde.
Dominique Fernandez nous raconte le glorieux passé de cette ville si singulière posée sur les eaux, décrit le développement de l'art, rappelle les navigateurs audacieux, et dessine les contours de sa Venise personnelle en n'oubliant rien des lieux phares comme la place Saint-Marc, l'Accademia, les Zattere ou l'église San Zanipolo. Il cite avec bonheur les grands écrivains voyageurs qui ont aimé Venise et ont été inspirés par elle : George Sand, Alfred de Musset et son frère Paul, Théophile Gautier, Joseph Brodsky, ou encore le romancier anglais Frederick Rolfe.
Illustré par de splendides photographies de Ferrante Ferranti regroupées dans un cahier hors-texte, cet ouvrage redonne ses couleurs à la " cité des Doges " et révèle nombre de mystères vénitiens. Il offre ainsi au lecteur une promenade d'une érudition sans pareille, guidé par un piéton amoureux de la Sérénissime.
Alain, le cavalier ombrageux à la moto rouge, a rejeté sa famille et son éducation. Rien de tel pour David, de quinze ans son aîné. Adolescent, il a découvert dans la honte et l'angoisse que ses goûts faisaient de lui un réprouvé. Apaisé dans un premier temps par les conseils d'un ami psychanalyste, puis, sous des influences plus toniques, refusant d'être traité comme un "cas", on le suit dans toutes les étapes de ce chemin libérateur. Avec ce roman audacieux, Dominique Fernandez tente d'éclairer la question gay. Dans un style sobre et précis, il parle à toutes les générations ; les générations des hommes aimant les hommes, toujours à la marge, jamais intégrés, qui doivent toujours se construire contre, jamais avec.
Entre Dominique Fernandez et l'Italie, c'est d'amour qu'il s'agit. Il y a quelque vingt ans, Le Promeneur amoureux (Plon) réunissait trente-cinq études sur la littérature, la musique, les villes, les mythes d'Italie. Aujourd'hui, elles sont cent cinquante-deux, et toujours sur les sujets les plus divers, de Dante à Casanova, de François d'Assise à Laurent le Magnifique, de Michel-Ange à Verdi, de Trieste à Palerme, de Rome à Sienne, d'Antonioni à Fellini, des castrats à Callas. La grande Italie, visitée et revisitée en compagnie du photographe Ferrante Ferranti, la terre des splendeurs antiques et des extases baroques, mais aussi des moeurs quotidiennes, des mamas, de la mafia, des théâtres et des pâtisseries, explorée jusque dans ses replis les plus secrets, dans ses trésors les plus inattendus. Voyage initiatique, ce Dictionnaire amoureux, qui détaille de A à Z les richesses et les sortilèges du plus beau pays du monde, mêle les vertus de l'oisiveté et les charmes de l'intelligence, tout au long d'une promenade joyeusement érudite et savamment gaie.
Publié pour la première fois en 1997, avec pour titre Le Voyage d'Italie, cet ouvrage était agrémenté d'un sous-titre : " Dictionnaire amoureux ". Dominique Fernandez fut donc à l'origine de la collection.
« Simple recueil de textes variés sur le roman ? Non : entreprise raisonnée, défense et illustration d'une certaine conception du roman, lequel doit être « l'art de raconter », de mettre en scène des personnages étrangers à l'auteur. Donc, ni les déballages de l'autofiction, ni les tarabiscotages de l'expérimentation, mais une manière franche et directe de faire vivre des hommes et des femmes jetés sur les routes du monde. Une première partie oppose Stendhal à Flaubert, et montre comment la liberté du premier est préférable aux efforts laborieux du second. Roman et opéra : comment ils peuvent échanger leurs procédés. Puis, essais consacrés à des auteurs particuliers, groupés en deux familles : les « aventuriers », de l'Arioste à Defoe, de Dumas à Kipling, avec à leur tête le patron du roman d'aventures, Stevenson, l'auteur de L'Ile au trésor ; et les « narrateurs », qui comprennent, outre Stendhal, des Français (Balzac, Maupassant, Gide, Martin du Gard, Paul Morand, Simenon, etc.) et des étrangers (Dickens, les Russes, les Sud-Américains, Thomas Mann, James Hadley Chase, Primo Levi, Kundera, etc.). L'ensemble forme un manifeste, un plaidoyer pour les romanciers qui, sans rien abdiquer de l'exigence littéraire, savent amuser, entraîner, faire rêver le lecteur... » Dominique Fernandez
Un beau spectacle russe, hein, mes amis ? Le combat de la chair et de l'esprit, qui n'a d'issue que dans le meurtre !
Un innocent, à qui l'on n'a rien à reprocher, mais qui cause des désastres par une tragique ignorance de la vie... N'est-ce pas un des portraits possibles de Nicolas, étudiant pétersbourgeois d'aujourd'hui ?D.F.
Romancier, essayiste, voyageur, Dominique Fernandez a publié Mère Méditerranée (Grasset, 1965), Porporino ou Les mystères de Naples (Grasset, 1974), Dans la main de l'ange (Grasset, 1982), Tribunal d'honneur (Grasset, 1997).
Un roman foisonnant et passionné sur le couple et la Sicile.
Le petit village de Marzapalo, à la pointe sud-est de la Sicile, à l'écart des circuits touristiques, séduit un jeune peintre français, Lucien Collart, et sa compagne Maria, italienne du Nord et ethnologue, lorsqu'ils y arrivent à la fin des années 60. La rencontre d'un vieux prince désargenté et de son homme d'affaires, le
ragioniere, les amène à acheter une maison rudimentaire, au bord d'une falaise, malgré les réticences de Maria qui n'y voit qu'une " ébauche de bâtisse ".
Lucien est vite fasciné par la Sicile, ses habitants, leurs coutumes d'un autre temps, les cercles de conversation, les personnalités hautes en couleur du prince et de ses employés, le folklore des matchs de football dominicaux, les superstitions, les nouveaux riches attachants et pittoresques.... Tandis que Maria, tout empreinte des préjugés du Nord, est révulsée par ce qu'elle considère être une population barbare : l'éducation sévère infligée aux filles contrastant avec le laxisme de celle des garçons, les " crimes d'honneur ", vengeances impunies, les repas interminables où l'hôte insiste pour qu'on mange sans discontinuer, les meurtres de chiens, l'absence de femmes sur les plages qui fait qu'elle, Maria, est importunée par les hommes appâtés par sa blondeur... Mais plus grave : Maria, devant la fascination de Lucien pour cette société patriarcale, va imaginer que son compagnon nourrit une secrète inclination pour les
ragazzi qui rôdent partout, et cette idée deviendra une véritable obsession.
En face de la maison se trouve la ligne de partage entre les mers tyrrhénienne et ionienne. Et si là, devant un des plus beaux paysages du monde, une autre ligne, celle de la séparation, se dessinait au sein d'un couple, pourtant arrivé là enjoué et uni ?
Un roman foisonnant et subtil sur le lien amoureux, les mouvements souterrains de la personnalité, mais aussi une ode à la Sicile et à ses habitants.
Ces morceaux choisis de Stendhal par l'écrivain Dominique Fernandez, sont précédés d'une longue introduction en forme d'exercice d'admiration.
« Ce livre n'est ni à proprement parler une biographie de Ràmon Fernandez, mon père (1894-1944), ni un essai sur son oeuvre, mais une sorte d'enquête sur sa destinée, qui reste en partie énigmatique. Je cherche à m'expliquer, en me mettant moi-même en scène, comment cet homme, un des plus brillants intellectuels de son temps, a pu être socialiste à 31 ans (1925), critique littéraire d'un journal de gauche à 38 ans (1932), communiste à 40 ans (1934), fasciste à 43 ans (1937), enfin collabo à 46 ans (1940). Le livre a trois centres d'intérêt. 1 - Histoire littéraire de la France : Ràmon Fernandez jeune, a été ami intime de Proust et, à la fin de sa vie, de Marguerite Duras. Il a croisé de près tous les grands acteurs de la vie littéraire : Gide, Mauriac, Paulhan, Céline, Bernanos, Saint-Exupéry, Malraux, etc. Lui-même, membre du comité de lecture des éditions Gallimard de 1925 à 1944, et critique attitré de La Nouvelle Revue Française, a été au centre de la vie intellectuelle française. Il est l'auteur d'études devenues classiques (dont Messages, Molière, Proust en Cahiers rouges) et de deux romans (prix Femina 1932). 2 - Histoire politique de la France et de l'Europe, avec les grands événements auxquels Ràmon Fernandez a été mêlé de près : 6 février 34, Front Populaire, guerre d'Ethiopie, guerre d'Espagne, guerre de 40, Occupation. 3 - Histoire d'un couple. Ràmon Fernandez d'origine mexicaine, play-boy, dépensier, coureur, amateur de tango et de Bugatti, épouse en 1926 une brillante sévrienne, fille d'instituteurs pauvres. Ils s'aiment, mais la mésentente culturelle entre les époux fait très vite naufrager leur mariage. Les carnets intimes de ma mère documentent pas à pas ce parcours intime.C'est sans doute ce fiasco conjugal qui a poussé Ràmon Fernandez vers « l'ordre » fasciste. L'interaction du privé, du littéraire et du politique donne au livre la dimension romanesque d'une grande fresque de la France entre les deux guerres et sous l'Occupation. » D.F.