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La découverte
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Brutalisme
Achille Mbembe
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 16 Février 2023
- 9782348078064
Alors que tout pousse vers une unification sans précédent de la planète, le vieux monde des corps et des distances, de la matière et des étendues, des espaces et des frontières, persiste en se métamorphosant. Avec le devenir-artificiel de l'humanité et son pendant, le devenir-humain des machines, une sorte d'épreuve existentielle est donc engagée. L'être ne s'éprouve plus désormais qu'en tant qu'assemblage indissociablement humain et non humain. La transformation de la force en dernier mot de la vérité de l'être signe l'entrée dans le dernier âge de l'homme, celui de l'être fabricable dans un monde fabriqué. À cet âge, Achille Mbembe donne ici le nom de brutalisme, le grand fardeau de fer de notre époque, le poids des matières brutes.
La transformation de l'humanité en matière et énergie est le projet ultime du brutalisme. En détaillant la monumentalité et le gigantisme d'un tel projet, cet essai plaide en faveur d'une refondation de la communauté des humains en solidarité avec l'ensemble du vivant, qui n'adviendra cependant qu'à condition de réparer ce qui a été brisé. -
Traiter de la Terre, c'est avoir à l'esprit une chaîne symbiotique : celle du vivant, dans ses innombrables déploiements. Les humains, les espèces animales et végétales, les microbes, bactéries et virus, les corps inorganiques et les substances minérales ainsi que les dispositifs technologiques et autres appareillages artificiels font inséparablement partie de cette chaîne du vivant. Mais c'est aussi le cas, du moins dans les pensées animistes africaines, de toutes les forces invisibles, des génies, des esprits et des masques.
Prenant fermement appui sur l'insondable richesse de ces pensées, Achille Mbembe propose dans cet essai une réflexion stimulante sur la Terre, ses devenirs, et surtout la sorte de communauté qu'elle forme avec la cohorte des espèces animées et inanimées qui l'habitent, y ont trouvé refuge ou y séjournent.
Il montre comment notre relation fondamentale à la Terre ne peut être que celle de l'habitant et du passant. C'est en tant qu'habitant et passant qu'elle nous accueille et nous abrite, qu'elle entretient les traces de notre passage, celles qui parlent en notre nom et en mémoire de qui nous aurons été, avec d'autres et au milieu d'eux. C'est à ce titre qu'elle est la toute dernière des utopies, la pierre angulaire d'une nouvelle conscience planétaire. -
Critique de la raison nègre
Achille Mbembe
- La découverte
- Poche / Essais
- 27 Octobre 2015
- 9782707188724
De tous les humains, le Nègre est le seul dont la chair fut faite marchandise. Au demeurant, le Nègre et la race n'ont jamais fait qu'un dans l'imaginaire des sociétés européennes. Depuis le XVIIIe siècle, ils ont constitué, ensemble, le sous-sol inavoué et souvent nié à partir duquel le projet moderne de connaissance - mais aussi de gouvernement - s'est déployé.
La relégation de l'Europe au rang d'une simple province du monde signera-t-elle l'extinction du racisme, avec la dissolution de l'un de ses signifiants majeurs, le Nègre ? Ou au contraire, une fois cette figure historique dissoute, deviendrons-nous tous les Nègres du nouveau racisme que fabriquent à l'échelle planétaire les politiques néolibérales et sécuritaires, les nouvelles guerres d'occupation et de prédation, et les pratiques de zonage ?
Dans cet essai à la fois érudit et iconoclaste, Achille Mbembe engage une réflexion critique indispensable pour répondre à la principale question sur le monde de notre temps : comment penser la différence et la vie, le semblable et le dissemblable ?
Prix Fetkann - catégorie mémoire 2013 -
Politiques de l'inimitié
Achille Mbembe
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 15 Novembre 2018
- 9782348041679
Cet essai explore cette relation particulière qui s'étend sans cesse et se reconfigure à l'échelle planétaire : la relation d'inimitié. S'appuyant en partie sur l'oeuvre psychiatrique et politique de Frantz Fanon, l'auteur montre comment, dans le sillage des conflits de la décolonisation du XXe siècle, la guerre - sous la figure de la conquête et de l'occupation, de la terreur et de la contre-insurrection - est devenue le sacrement de notre époque. Cette transformation a, en retour, libéré des mouvements passionnels qui, petit à petit, poussent les démocraties libérales à endosser les habits de l'exception, à entreprendre au loin des actions inconditionnées, et à vouloir exercer la dictature contre elles-mêmes et contre leurs ennemis.
Dans cet essai brillant et brûlant d'actualité, Achille Mbembe s'interroge, entre autres, sur les conséquences de cette inversion, et sur les termes nouveaux dans lesquels se pose désormais la question des rapports entre la violence et la loi, la norme et l'exception, l'état de guerre, l'état de sécurité et l'état de liberté. Dans le contexte de rétrécissement du monde et de son repeuplement à la faveur des nouveaux mouvements migratoires, l'essai n'ouvre pas seulement des pistes neuves pour une critique des nationalismes ataviques. Il pose également, par-delà l'humanisme, les fondements d'une politique de l'humanité. -
Sortir de la grande nuit ; essai sur l'Afrique décolonisée
Achille Mbembe
- La découverte
- Poche / Essais
- 23 Mai 2013
- 9782707177681
Dans cet essai critique, Achille Mbembe montre qu'au-delà du mélange de choses qui prévaut aujourd'hui, le mérite de la décolonisation africaine fut d'ouvrir sur une multitude de trajets historiques possibles. À coté du monde des ruines et de la destruction, de nouvelles sociétés sont en train de naitre.
La décolonisation africaine n'aura-t-elle été qu'un accident bruyant, un craquement à la surface, le signe d'un futur appelé à se fourvoyer ? Dans cet essai critique, Achille Mbembe montre que, au-delà des crises et de la destruction qui ont souvent frappé le continent depuis les indépendances, de nouvelles sociétés sont en train de naître, réalisant leur synthèse sur le mode du réassemblage, de la redistribution des différences entre soi et les autres et de la circulation des hommes et des cultures. Cet univers créole, dont la trame complexe et mobile glisse sans cesse d'une forme à une autre, constitue le soubassement d'une modernité que l'auteur qualifie d'" afropolitaine ". Il convient certes de décrypter ces mutations africaines, mais aussi de les confronter aux évolutions des sociétés postcoloniales européennes - en particulier celle de la France, qui décolonisa sans s'autodécoloniser -, pour en finir avec la race, la frontière et la violence continuant d'imprégner les imaginaires de part et d'autre de la Méditerranée. C'est la condition pour que le passé en commun devienne enfin un passé en partage. Écrit dans une langue tantôt sobre, tantôt incandescente et souvent poétique, cet essai constitue un texte essentiel de la pensée postcoloniale en langue française.