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Traiter de la Terre, c'est avoir à l'esprit une chaîne symbiotique : celle du vivant, dans ses innombrables déploiements. Les humains, les espèces animales et végétales, les microbes, bactéries et virus, les corps inorganiques et les substances minérales ainsi que les dispositifs technologiques et autres appareillages artificiels font inséparablement partie de cette chaîne du vivant. Mais c'est aussi le cas, du moins dans les pensées animistes africaines, de toutes les forces invisibles, des génies, des esprits et des masques.
Prenant fermement appui sur l'insondable richesse de ces pensées, Achille Mbembe propose dans cet essai une réflexion stimulante sur la Terre, ses devenirs, et surtout la sorte de communauté qu'elle forme avec la cohorte des espèces animées et inanimées qui l'habitent, y ont trouvé refuge ou y séjournent.
Il montre comment notre relation fondamentale à la Terre ne peut être que celle de l'habitant et du passant. C'est en tant qu'habitant et passant qu'elle nous accueille et nous abrite, qu'elle entretient les traces de notre passage, celles qui parlent en notre nom et en mémoire de qui nous aurons été, avec d'autres et au milieu d'eux. C'est à ce titre qu'elle est la toute dernière des utopies, la pierre angulaire d'une nouvelle conscience planétaire. -
Critique de la raison nègre
Achille Mbembe
- La découverte
- Poche / Essais
- 27 Octobre 2015
- 9782707188724
De tous les humains, le Nègre est le seul dont la chair fut faite marchandise. Au demeurant, le Nègre et la race n'ont jamais fait qu'un dans l'imaginaire des sociétés européennes. Depuis le XVIIIe siècle, ils ont constitué, ensemble, le sous-sol inavoué et souvent nié à partir duquel le projet moderne de connaissance - mais aussi de gouvernement - s'est déployé.
La relégation de l'Europe au rang d'une simple province du monde signera-t-elle l'extinction du racisme, avec la dissolution de l'un de ses signifiants majeurs, le Nègre ? Ou au contraire, une fois cette figure historique dissoute, deviendrons-nous tous les Nègres du nouveau racisme que fabriquent à l'échelle planétaire les politiques néolibérales et sécuritaires, les nouvelles guerres d'occupation et de prédation, et les pratiques de zonage ?
Dans cet essai à la fois érudit et iconoclaste, Achille Mbembe engage une réflexion critique indispensable pour répondre à la principale question sur le monde de notre temps : comment penser la différence et la vie, le semblable et le dissemblable ?
Prix Fetkann - catégorie mémoire 2013 -
Politiques de l'inimitié
Achille Mbembe
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 15 Novembre 2018
- 9782348041679
Cet essai explore cette relation particulière qui s'étend sans cesse et se reconfigure à l'échelle planétaire : la relation d'inimitié. S'appuyant en partie sur l'oeuvre psychiatrique et politique de Frantz Fanon, l'auteur montre comment, dans le sillage des conflits de la décolonisation du XXe siècle, la guerre - sous la figure de la conquête et de l'occupation, de la terreur et de la contre-insurrection - est devenue le sacrement de notre époque. Cette transformation a, en retour, libéré des mouvements passionnels qui, petit à petit, poussent les démocraties libérales à endosser les habits de l'exception, à entreprendre au loin des actions inconditionnées, et à vouloir exercer la dictature contre elles-mêmes et contre leurs ennemis.
Dans cet essai brillant et brûlant d'actualité, Achille Mbembe s'interroge, entre autres, sur les conséquences de cette inversion, et sur les termes nouveaux dans lesquels se pose désormais la question des rapports entre la violence et la loi, la norme et l'exception, l'état de guerre, l'état de sécurité et l'état de liberté. Dans le contexte de rétrécissement du monde et de son repeuplement à la faveur des nouveaux mouvements migratoires, l'essai n'ouvre pas seulement des pistes neuves pour une critique des nationalismes ataviques. Il pose également, par-delà l'humanisme, les fondements d'une politique de l'humanité. -
Sortir de la grande nuit ; essai sur l'Afrique décolonisée
Achille Mbembe
- La découverte
- Poche / Essais
- 23 Mai 2013
- 9782707177681
Dans cet essai critique, Achille Mbembe montre qu'au-delà du mélange de choses qui prévaut aujourd'hui, le mérite de la décolonisation africaine fut d'ouvrir sur une multitude de trajets historiques possibles. À coté du monde des ruines et de la destruction, de nouvelles sociétés sont en train de naitre.
La décolonisation africaine n'aura-t-elle été qu'un accident bruyant, un craquement à la surface, le signe d'un futur appelé à se fourvoyer ? Dans cet essai critique, Achille Mbembe montre que, au-delà des crises et de la destruction qui ont souvent frappé le continent depuis les indépendances, de nouvelles sociétés sont en train de naître, réalisant leur synthèse sur le mode du réassemblage, de la redistribution des différences entre soi et les autres et de la circulation des hommes et des cultures. Cet univers créole, dont la trame complexe et mobile glisse sans cesse d'une forme à une autre, constitue le soubassement d'une modernité que l'auteur qualifie d'" afropolitaine ". Il convient certes de décrypter ces mutations africaines, mais aussi de les confronter aux évolutions des sociétés postcoloniales européennes - en particulier celle de la France, qui décolonisa sans s'autodécoloniser -, pour en finir avec la race, la frontière et la violence continuant d'imprégner les imaginaires de part et d'autre de la Méditerranée. C'est la condition pour que le passé en commun devienne enfin un passé en partage. Écrit dans une langue tantôt sobre, tantôt incandescente et souvent poétique, cet essai constitue un texte essentiel de la pensée postcoloniale en langue française. -
The aim of this study is to draw attention to the long time-scale of the developments currently taking place in Africa. This has been overshadowed by the brouhaha concerning phenomena that are mainly connected with the present moment (structural adjustment, transitions toward democracy, wars and conflicts, corruption, criminalization). This study is based on two hypotheses. The first is that of interlacing : emerging from a history whose depth is overlooked by many analysts, Africa is simultaneously advancing in several directions. This advance is not following a closed orbit. It is neither smooth nor unilinear. It is heading toward several outcomes at once. Moreover, it is moving on several timescales and takes the form of fluctuations and destabilizations, sometimes abrupt, as well as of apparently disordered accelerations and inertias. In fact, however, several different systems of change are involved : stationary, dynamic, volatile, even catastrophic. The second hypothesis is that of the exit of the state. This exit is neither total nor irreversible. It takes diverse forms. Some of them will be examined later in this study. For the moment, it facilitates the emergence of new political actors in the public sphere, the proliferation of unexpected social rationalities, and the implementation of novel technologies and apparatuses, whose purpose is to control individual conduct and to make possible new modes of constituting private property and inequality. Private indirect government : this is the formula we propose to apply to these emergent technologies of domination, whose forms, intrinsic qualities, and goals are fundamentally different from those which postcolonial African regimes had previously espoused. Private indirect government is itself the result of an abrupt renegotiation of the relationships between the privatization of public violence, on the one hand, and the constitution of new systems of private property on the other. Our attention will be focused here on this privatization of public violence, this appropriation of substances and profits, the levies they require, the shifting of boundaries to which they lead, and the new forms of violence and social stratification to which they imply.
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Cet ouvrage s'efforce de traquer les formes publiques de résistance dans le Cameroun de la première moitié du XXème siècle. Il montre comment, par le biais de pratiques multiformes allant de la soumission à la négociation en passant par l'indiscipline et la lutte armée, les Africains se constituèrent à la fois comme sujets exerçant et subissant des relations de pouvoir et comme agents moraux de leurs actions.